(JED/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de JED, daté du 20 juillet 2004 : JED dénonce les interférences des Services de sécurité et de la Police dans les médias LUMBANA KAPASSA, journaliste et directeur général de la chaîne de radiotélévision privée RTKM (RadioTélévision Kin Malebo), a été convoqué, lundi 19 juillet 2004, à l’Agence […]
(JED/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de JED, daté du 20 juillet 2004 :
JED dénonce les interférences des Services de sécurité et de la Police dans les médias
LUMBANA KAPASSA, journaliste et directeur général de la chaîne de radiotélévision privée RTKM (RadioTélévision Kin Malebo), a été convoqué, lundi 19 juillet 2004, à l’Agence nationale des renseignements (ANR) à Kinshasa/Gombe. Il a été entendu, pendant près de trois heures, au sujet d’une émission diffusée en différé sur RTKM, au cours de laquelle M. Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba, ancien ministre de la Défense et Conseiller spécial en matière de sécurité du Maréchal Mobutu, s’adressait à Bruxelles à des officiers militaires des ex-Faz (Forces armées zaîroises) en exil depuis la chute de Mobutu. Dans son adresse, l’ancien conseiller spécial de Mobutu critiquait le régime en place à Kinshasa et a exhorté les ex-Faz à regagner le pays pour intégrer l’Armée nationale en constitution.
A l’issue de cet interrogatoire assorti de menaces mené par un certain M. Antoine Musanga, les cassettes de l’émission incriminée ont été confisquées, et l’ordre a été donné à RTKM de ne plus jamais diffuser une quelconque émission de l’ancien Conseiller spécial du Maréchal Mobutu.
Journaliste en danger (JED) considère que nulle part dans la loi congolaise il n’est donné mandat à l’ANR de connaître des délits de presse, si délit il y a. Dans le cas d’espèce, il y a eu abus de pouvoir dans le chef de l’ANR. Bien plus, à partir du moment où, dans son message, M. Ngbanda ne fait pas des appels à la haine, au meurtre ou à la violence, la confiscation de la cassette et l’injonction de ne plus le voir sur une chaîne privée constitue, ni plus ni moins, une entrave à la libre circulation nationale et internationale de l’information et, de ce fait, est une atteinte au droit d’informer et d’être informé garanti par les engagements internationaux de la RDC et les articles 27 à 29 de la constitution.
Sans entrer dans des considérations politiciennes, JED constate, depuis quelques mois, une volonté manifeste du pouvoir de museler la presse par des actes d’intimidation des médias, dans le but inavoué de confisquer des espaces de liberté existantes, d’instaurer la pensée unique aux hommes politiques et aux professionnels des médias et d’éviter ainsi toute critique et toute contradiction sur des questions pourtant d’intérêt national.
Au moment où le Dialogue inter-congolais a mis sur pied une instance de régulation des médias, la Haute Autorité des Médias (HAM), et qu’au sortir du Congrès national de la presse, la profession s’est dotée d’une instance nationale d’autorégulation, l’Observatoire des Médias Congolais, chargée de faire la police de l’éthique et de la déontologie des journalistes, absolument rien ne peut justifier des interférences négatives et d’un autre âge de la police et des services de sécurité dans le travail quotidien des médias.
Au décompte, dans ce « village planétaire » qu’est devenu le monde à l’heure d’Internet, comment pense-t-on empêcher la circulation des informations et des idées, sans donner l’impression de mener un combat d’arrière garde ?
De ce qui précède, JED demande ce qui suit :
a. que les cassettes confisquées de l’émission incriminée soient rendues, sans condition, à RTKM ;
b. que les services de sécurité et de police cessent toute interférence dans le travail quotidien des journalistes ;
c. que les responsables de l’harcèlement à l’endroit des médias et des journalistes soient sanctionnés afin de mettre fin à l’impunité.
FAIT A KINSHASA, LE 20 JUILLET 2004