(RSF/IFEX) – Le 10 mai 2004, des policiers du district de Mymensingh (nord du Bangladesh) ont arrêté le photoreporter indépendant Aurobindo Pal, après que celui-ci a refusé de leur remettre des négatifs de photos. Ces clichés, pris la veille par le journaliste, montraient des policiers ouvrant le feu devant un bureau de vote. Deux manifestants […]
(RSF/IFEX) – Le 10 mai 2004, des policiers du district de Mymensingh (nord du Bangladesh) ont arrêté le photoreporter indépendant Aurobindo Pal, après que celui-ci a refusé de leur remettre des négatifs de photos. Ces clichés, pris la veille par le journaliste, montraient des policiers ouvrant le feu devant un bureau de vote. Deux manifestants avaient été tués. Afin d’empêcher sa libération sous caution, Pal a été accusé de meurtre.
RSF est indignée de voir un journaliste bangladeshi de nouveau arrêté et inculpé par la police sous une fausse accusation. L’organisation a adressé une lettre au ministre de la Loi, de la Justice et des Affaires parlementaires, Moudud Ahmed, pour qu’il intervienne auprès des autorités compétentes afin que le journaliste soit libéré et que les charges fabriquées soient levées. RSF a également demandé que des sanctions soient prises contre l’officier de police Khohinoor Miah, impliqué dans cette arrestation et bien d’autres violations des droits de l’homme, notamment les tortures infligées au journaliste Saleem Samad en 2002 (consulter des alertes de l’IFEX du 4 février, 20, 15, 9, 7, 6 et 2 janvier 2003, entre autres).
Le jour de l’arrestation de Pal, le ministre Ahmed affirmait, lors d’une réunion avec les pays donateurs, qu’il existe une totale liberté de la presse au Bangladesh et que des journalistes ont été tués ou agressés, mais pour des raisons qui n’ont aucun lien avec leur activité professionnelle. Des représentants de pays donateurs avaient demandé au gouvernement de Dacca d’améliorer cette situation car selon eux il n’y a pas de liberté de la presse quand les journalistes travaillent sous la menace.
Le 9 mai 2004, une émeute a éclaté contre les forces de l’ordre devant un bureau de vote de la ville de Nandail où se déroulaient des élections municipales. La police, sur ordre de l’officier Miah, a tiré sur la foule tuant deux manifestants et en blessant au moins 17 autres. Pal a pris des photos de la répression policière.
Dans la nuit du 9 au 10 mai, la police s’est rendue chez le journaliste pour saisir ses négatifs. Il a refusé malgré les menaces de représailles. La police a fouillé son domicile. Un policier lui a déclaré qu’il avait reçu l’ordre de l’arrêter s’il n’obtempérait pas.
Pal, également vice-président du club de la presse de la ville, va comparaitre le 12 mai devant une Cour de Nandail. Il ne peut pour l’instant pas être libéré sous caution puisqu’il est accusé de meurtre en vertu de l’article 302 du code pénal. Le responsable administratif du district de Mymensingh a précisé à la presse que le chef de la police avait agi contre son avis.