(JED/IFEX) – Eugène Ngimbi Mabedo, éditeur de l’hebdomadaire « L’Intermédiaire » paraissant à Kinshasa a été interpellé, le 7 août 2002, par des éléments de la Police nationale congolaise (PNC) qu’accompagnait le magistrat militaire Lemba alias Saddam Hussein. Le journaliste a été achéminé au parquet près la Cour d’ordre militaire (COM, tribunal militaire d’exception qui juge en […]
(JED/IFEX) – Eugène Ngimbi Mabedo, éditeur de l’hebdomadaire « L’Intermédiaire » paraissant à Kinshasa a été interpellé, le 7 août 2002, par des éléments de la Police nationale congolaise (PNC) qu’accompagnait le magistrat militaire Lemba alias Saddam Hussein. Le journaliste a été achéminé au parquet près la Cour d’ordre militaire (COM, tribunal militaire d’exception qui juge en premier et dernier ressort) où il a passé sa première nuit de détention.
Eugène Ngimbi a dit, le 8 août peu avant midi (heure locale), à JED qui l’a rencontré sur son lieu de détention, qu’il est poursuivi pour « diffamation à l’endroit de la COM et du procureur général près la COM, le Colonel Charles Alamba ». Le journaliste a été entendu quatre fois au sujet d’un article paru dans l’édition N° 42 du 2 au 7 août intitulé: « le Colonel Alamba prié de libérer, sans délais, N’Sii Luanda et Me Willy Wenga détenus illégalement pour le compte de la Cour d’ordre militaire au CPRK [Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, ex-prison centrale de Makala] ». Dans cette article très documentée, le journal se fait l’échos d’une campagne lancée par les ONG congolaises de défense des droits de l’homme en vue de contraindre la COM à libérer deux activistes des droits de l’homme en détention arbitraire depuis de longs mois. Le journal considère que « … derrière N’Sii Luanda et Willy Wenga, ce sont les défenseurs des droits humains, les syndicats, les églises, les médias…bref la société civile que l’on veut museler et confiner au silence… ». Après avoir passé en revue toutes les affaires célèbres jugées par la COM, dont le procès des présumés assassins de Laurent-Désiré Kabila et la condamnation à mort et l’exécution sommaire, en novembre 2000, de l’ex-compagnon de lutte de Kabila, Anselme Masasu, après un procès expéditif devant la COM, le journal conclut: « La Cour d’ordre militaire n’est pas une instance de consolidation de la citoyenneté mais un instrument pour la consolidation d’une dictature ».
Rien que sur le plan de la forme, JED est étonné qu’un délit de presse – si délit il y a – soit instruit par une Cour d’exception militaire qui, du reste, est partie à l’affaire. Nul ne pouvant être juge et partie, JED considère que cette procédure est totalement entachée d’irrégularités et demande la libération pure et simple du journaliste.
Eugène Ngimbi est le quatrième journaliste emprisonné en moins de deux semaines. Trois autres journalistes – Raymond Kabala, Delly Bonsange et Achille Ekele N’golyma – croupissent encore au CPRK pour des délits de presse (consulter des alertes de l’IFEX des 31, 23 et 22 juillet 2002).