André Caramante est la cible des menaces de l’ancien commandant de la police militaire de São Paulo depuis que Caramanate a écrit un article dénonçant les propos haineux et ultra sécuritaires postés sur le compte Facebook de l'ancien commandant.
(RSF/IFEX) – Le 20 juillet de 2012 – Un article publié le 14 juillet 2012 dans les colonnes du quotidien A Folha de São Paulo dénonçait les propos haineux et ultra sécuritaires postés sur le compte Facebook de l’ancien commandant de la police militaire de São Paulo (appelée “la Rota”), Adriano Lopes Lucinda Telhada, désormais candidat aux élections municipales des 7 et 28 octobre prochains. Depuis cette date, l’auteur de l’article, André Caramante, est à son tour la cible des menaces de l’ancien policier et de ses soutiens. Contactée par l’entourage familial du journaliste, Reporters sans frontières réclame l’ouverture d’une enquête.
“Au vu des commentaires postés sur Facebook contre André Caramante, le candidat Adriano Lopes Lucinda Telhada doit répondre devant la justice de ses propos. Les messages postés par l’ancien policier ne se contentent pas de salir la réputation du journaliste. Ils attisent la haine contre celui-ci et l’exposent au danger physique. De tels procédés, contraires de l’État de droit, justifieraient que la justice examine l’éligibilité de l’ancien commandant Lopes Lucinda”, a estimé Reporters sans frontières.
Commandant de la Rota jusqu’en novembre 2011, Adriano Lopes Lucinda brigue la fonction de conseiller municipal à la mairie de São Paulo sous l’étiquette du Parti pour la sociale démocratie brésilienne (PSDB, centre droit). Axant toute sa campagne sur la répression contre ceux qu’il nomme les “vagabonds” ou les “bâtards”, l’ancien policier avait posté, le 22 juin dernier, sur son compte Facebook, la photo de deux jeunes noirs “suspectés” par lui sans plus de preuves d’être à l’origine d’un récent assaut contre une base de la police militaire. Le message a fait l’objet de près de mille partages sur Facebook.
Spécialiste de la Rota, dont il a parfois critiqué les abus, André Caramante n’a plus cessé de recevoir des menaces depuis son article du 14 juillet. “Qui défend un bandit est un bandit ! Une balle pour ces bâtards !” est l’une des formules dirigées contre le journaliste et visible sur le compte de l’ex-commandant qui qualifie André Caramante de “défenseur notoire des délinquants”. Dans un autre message posté sur Facebook, un policier militaire dénommé Paulo Sérgio Ivasava Guimarães adresse tout son soutien à son ancien supérieur par ces mots : “Ce Caramante est un vagabond de plus. Ayez l’œil sur lui, colonel !”.
Cette affaire nous scandalise d’autant plus qu’elle coïncide aussi avec la mesure de censure préventive ordonnée par la justice de l’État d’Espirito Santo contre le journal en ligne Século Diário, contraint de retirer trois reportages et deux éditoriaux jugés défavorables à un fonctionnaire de l’administration judiciaire. “Pourquoi cette censure contre des publications qui assument leur rôle de contre-pouvoir quand des mots de haine diffusées sur Internet ne font l’objet d’aucune sanction ?”, s’est interrogée Reporters sans frontières.