RSF demande aux autorités de tout mettre en oeuvre pour retrouver Hassan Murhabazi, journaliste pour une radio communautaire de Bukavu, dont les proches et la rédaction sont sans nouvelles depuis mardi matin.
Cet article a été initialement publié sur rsf.org le 13 septembre 2018.
Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités de tout mettre en oeuvre pour retrouver Hassan Murhabazi, journaliste pour une radio communautaire de Bukavu, dont les proches et la rédaction sont sans nouvelles depuis mardi matin.
Hassan Murhabazi, journaliste pour la radio Svein à Bukavu dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), n’a pas donné signe de vie depuis le 11 septembre. Le reporter avait quitté son domicile dans la matinée, sans emmener son téléphone portable, après avoir reçu l’appel d’un inconnu, selon le directeur de sa radio. Dans un communiqué, ce dernier a exprimé son inquiétude. Le journaliste qui anime tous les dimanches Mkate, une émission qui aborde notamment l’actualité politique et sociale dans le pays, reçoit régulièrement des messages menaçants. Dans des SMS envoyés à Hassan Murhabazi lundi et que RSF s’est procurés, le reporter est traité de « démon », de « petit journaliste » et est invité à laisser Emmanuel Ramazani Shadary « tranquille ». « Des inconnus lui ont demandé d’arrêter de parler du candidat de la majorité présidentielle après l’émission qui lui était consacrée dimanche dernier », confirme l’un de ses confrères joint par RSF.
« Nous demandons aux autorités de tout mettre en oeuvre pour retrouver ce journaliste, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Il est essentiel que les menaces déjà reçues par ce reporter pour sa couverture de l’actualité politique soient prises au sérieux. Les autorités congolaises ont le devoir de protéger les journalistes qui sont particulièrement exposés à trois mois de l’élection présidentielle. »
RSF n’est pas parvenue à joindre directement le gouverneur du Sud-Kivu. L’organisation lui a envoyé un message pour lui demander d’alerter les services de police et d’ouvrir une enquête.
L’élection présidentielle est prévue le 23 décembre prochain en RDC. Les atteintes à la liberté de la presse y connaissent traditionnellement une recrudescence dans les contextes pré-électoraux. Entre le 1er janvier et le 31 août 2018, RSF a recensé 22 cas d’agressions et 35 arrestations dont la plupart ont été menées en dehors tout cadre légal. En juillet, deux journalistes menacés de mort ont été contraints de fuir leur domicile après la diffusion d’un documentaire abordant les expropriations menées sur un terrain revendiqué par le président Joseph Kabila.
La RDC occupe la 154e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.