Mustafizur Rahman Sumon paie lourdement le prix de sa lutte contre l'impunité qui prévaut actuellement dans la quasi totalité des crimes à l'encontre de la presse au Bangladesh, explique RSF.
(RSF/IFEX) – 18 juillet 2012 – Reporters sans frontières est consternée par la détention illégale, les menaces et les tortures perpétrées par la police à l’encontre du journaliste du site d’information justnewsbd.com, Mustafizur Rahman Sumon, entre le 13 et le 15 juillet 2012, à Dacca. Il est actuellement incarcéré sous un prétexte frauduleux.
« Nous demandons aux autorités d’ouvrir une enquête sur l’arrestation de Mustafizur Rahman Sumon, et les mauvais traitements dont il a fait l’objet par les forces de l’ordre. Des mesures exemplaires doivent être prises contre les responsables de ces violences, qui ne peuvent rester impunies. Toujours incarcéré, il doit être libéré. En attendant, des soins médicaux doivent lui être prodigués dans les plus brefs délais », a déclaré Reporters sans frontières.
« Mustafizur Rahman Sumon paie lourdement le prix de sa lutte contre l’impunité qui prévaut actuellement dans la quasi totalité des crimes à l’encontre de la presse au Bangladesh. Nous rappelons notre soutien à ce combat, » a ajouté l’organisation.
Le 13 juillet 2012, Mustafizur Rahman Sumon, 28 ans, sortait d’un magasin d’informatique en possession de son ordinateur, quand des policiers en civil de la Detective Branch de Dacca l’ont contraint à monter dans leur véhicule.
Selon la Crime Reporters Association of Bangladesh (CRAB) et la famille du journaliste, les policiers, menés par l’inspecteur Motlab Hossain et le sous-préfet de police, Tauhidul Islam, (Assistant Commissioner), ont conduit Mustafizur Rahman Sumon dans un endroit inconnu, où il a été détenu au secret pendant trois jours, pendant lesquels il a été menacé, battu, et privé de nourriture et de sommeil. Durant sa détention, le journaliste n’a pas été autorisé à prévenir sa famille ni à contacter un avocat. Des policiers ont même déclaré qu’avec « ces bâtards de journalistes, on ne peut rien faire, sinon ils organisent des manifestations contre nous » [« bastard journalists, we cannot do anything. Then they organize demonstration against us (police) »].
Mustafizur Rahman Sumon ayant refusé de payer les 50 000 taka (environ 5 000 euros) éxigés par des officiers en échange de sa libération, il a été transféré, le 15 juillet, au poste de police de Darus Salam, dans l’ouest de la capitale, où ils l’ont inculpé de vol d’ordinateur. Le lendemain, le tribunal a décidé de son transfert à la prison centrale de Dacca, refusant la demande de prolongement de détention provisoire, demandée par la police.
Selon les journalistes de la Crime Reporters Association of Bangladesh (CRAB) et des membres de la famille qui ont pu lui rendre visite en prison, l’état de santé de Mustafizur Rahman Sumon serait très préoccupant.
D’après le journaliste, dont les propos ont été relayés par son oncle, la police l’a enlevé à cause de sa participation à plusieurs manifestations organisées par la communauté des médias pour protester contre l’absence d’avancées dans l’enquête sur le double meurtre des journalistes Sagar Sarwar et Mehurun Runi, assassinés le 11 février 2012.
Par ailleurs, le 14 juillet, le correspondant du quotidien Dainik Jaijaidin, Ayaz Azad, a été attaqué par des étudiants armés de machettes appartenant à la Ligue Chattra (branche étudiante de la « Ligue Awami » au pouvoir), dans le campus de l’Islamic University (district de Kushtia, Sud-Ouest). Le journaliste a été emmené à l’hôpital avec des blessures aux épaules.
Le Bangladesh se situe à la 129e place, sur 179 pays recensés, dans le classement mondial de la liberté de la presse 2011-2012 de Reporters sans frontières.