(RSF/IFEX) – Le 28 octobre 2002, Sergueï Douvanov, rédacteur en chef du magazine « Bulletin », publié par le Bureau international de défense des droits de l’homme, a été arrêté par la police pour le viol d’une petite fille de 14 ans. « En raison de la répression dont Sergueï Douvanov est victime et étant donné la situation […]
(RSF/IFEX) – Le 28 octobre 2002, Sergueï Douvanov, rédacteur en chef du magazine « Bulletin », publié par le Bureau international de défense des droits de l’homme, a été arrêté par la police pour le viol d’une petite fille de 14 ans.
« En raison de la répression dont Sergueï Douvanov est victime et étant donné la situation de la liberté de la presse au Kazakhstan, nous sommes en droit de douter du bien-fondé de cette accusation de viol », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Georgy Kim. « Si vous n’êtes pas en mesure d’apporter des preuves irréfutables de la culpabilité de Sergueï Douvanov dans cette affaire, nous considérerons qu’il s’agit d’une pression de plus contre les journalistes d’opposition dans votre pays. Nous vous demandons de mener cette enquête dans la plus grande transparence », a-t-il ajouté.
Douvanov est réputé pour être l’un des journalistes kazakhes les plus critiques envers les autorités. Il dénonce régulièrement le harcèlement qu’elles exercent sur les médias indépendants et sur l’opposition, et fait l’objet de poursuites judiciaires pour atteinte à l’honneur et à la dignité du président Noursultan Nazarbaïev. Le 28 août, le journaliste d’opposition avait été agressé par trois inconnus et grièvement blessé (consulter l’alerte de l’IFEX du 30 août 2002).
Lors d’une mission d’enquête en juillet à Almaty, un représentant de RSF avait rencontré à plusieurs reprises Douvanov. Il lui avait exposé les différentes mesures d’intimidation et les pressions judiciaires dont il faisait l’objet de la part des autorités. Il lui avait confié que le pouvoir n’hésiterait pas à le piéger par une affaire de moeurs ou de drogue. « Je suis encore libre et en bonne santé, mais cela peut ne pas durer », avait-il conclu.
Selon les organisations locales de défense des droits de l’homme et les journalistes d’opposition kazakhes, les opposants politiques sont régulièrement discrédités par les services secrets dans le but de les intimider ou de les faire chanter.
RSF rappelle qu’Artur Platonov, journaliste politique de la chaîne de télévision indépendante KTK, a été violemment agressé le 16 août à Almaty (consulter l’alerte de l’IFEX du 19 août 2002). Par ailleurs, la fille de la journaliste Lira Baïssetova, rédactrice en chef de l’hebdomadaire d’opposition « Respublika », est décédée le 21 juin dans des conditions suspectes alors qu’elle se trouvait en garde à vue (consulter des alertes de l’IFEX du 29 août et 2 juillet 2002). Ces deux enquêtes n’ont pas encore abouti.