(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, RSF s’est alarmée des graves menaces pesant sur les journalistes d’opposition en Ouzbékistan. L’organisation a, en particulier, dénoncé les pressions exercées sur un journaliste indépendant, Ruslan Sharipov, qui devait se rendre prochainement aux Etats-Unis pour témoigner de l’aggravation des atteintes aux droits de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, RSF s’est alarmée des graves menaces pesant sur les journalistes d’opposition en Ouzbékistan. L’organisation a, en particulier, dénoncé les pressions exercées sur un journaliste indépendant, Ruslan Sharipov, qui devait se rendre prochainement aux Etats-Unis pour témoigner de l’aggravation des atteintes aux droits de l’homme dans son pays.
« Le régime du président Karimov prend prétexte de la lutte contre le terrorisme pour conduire une répression brutale à l’encontre de toute information indépendante dans le pays », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous demandons d’user de votre influence auprès des autorités ouzbeks pour que cessent ces menaces envers la presse. Nous vous demandons également de signifier au gouvernement ouzbek que les Etats-Unis sont attentifs au sort du journaliste Ruslan Sharipov », a ajouté Ménard.
D’après les informations recueillies par RSF, Sharipov, correspondant en Ouzbékistan de l’agence de presse russe Prima, président de l’Union des journalistes indépendants d’Ouzbékistan et animateur d’un site Internet, a été attaqué, le 5 février 2002, par trois hommes, dont l’un a tenté de l’étrangler. Le lendemain, 6 février, le journaliste a de nouveau été agressé. Deux inconnus l’ont frappé à la tête et au ventre, et l’ont immobilisé pour lui prendre son passeport et sa carte de journaliste. Le journaliste devait se rendre prochainement aux Etats-Unis à l’invitation de la Ligue internationale des droits de l’homme, pour faire état de la gravité des menaces à l’encontre des défenseurs des libertés individuelles et des journalistes.
Sharipov avait déjà été attaqué, dans la nuit du 30 janvier, par deux officiers des services spéciaux à Tachkent. Les officiers l’avaient relâché après l’avoir menacé. Sharipov et la rédaction de l’agence de presse Prima avaient indiqué que cette attaque était liée à un article récent du journaliste critiquant le référendum du 27 janvier sur la prolongation du mandat présidentiel du président Islam Karimov. En 2001, Sharipov et des membres de sa famille avaient également subi de nombreuses pressions de la part des autorités. Le 12 juillet, il avait été pris en chasse par des employés des services de sécurité (NSS) alors qu’il se rendait à la cour de Tachkent pour couvrir un procès. Ses assaillants étaient sur le point de le frapper quand des passants s’étaient interposés. Le journaliste était parvenu à se réfugier au siège local de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) (consulter l’alerte de l’IFEX du 19 juillet 2001).
RSF a rappelé dans sa lettre au secrétaire d’Etat américain, qu' »aucune information indépendante n’est tolérée en Ouzbékistan. L’emprisonnement, les agressions et les pressions sur les familles sont régulièrement utilisées par les services d’Etat à l’encontre des journalistes qui enfreignent cette interdiction. Dans un pays où toute information est inspirée et validée par l’Etat, aucun commentaire ne peut être fait dans la presse sur l’existence d’une opposition, la criminalité, la corruption, et les différentes questions relatives au respect des libertés, des droits individuels et des minorités (ouïgoure notamment). L’une des rares chaînes de télévision locales ayant fait preuve d’une certaine indépendance éditoriale, la chaîne ALC-TV à Urgench, périodiquement interdite d’émission depuis 1995, a été définitivement fermée en juillet 2001″ (consulter l’alerte de l’IFEX du 15 août 2001).