(JED/IFEX) – Achille Ekele N’Golyma et Damien Baita, respectivement directeur de publication et directeur de la rédaction du journal satirique « Pot-Pourri », paraissant à Kinshasa, ont été arrêtés, le 31 juillet 2002, vers 11h30 (heure locale), par des hommes en civil que des témoins ont reconnu comme étant des inspecteurs judiciaires. Aucun mandat n’a été exhibé […]
(JED/IFEX) – Achille Ekele N’Golyma et Damien Baita, respectivement directeur de publication et directeur de la rédaction du journal satirique « Pot-Pourri », paraissant à Kinshasa, ont été arrêtés, le 31 juillet 2002, vers 11h30 (heure locale), par des hommes en civil que des témoins ont reconnu comme étant des inspecteurs judiciaires. Aucun mandat n’a été exhibé aux deux journalistes au moment de leur arrestation.
N’Golyma et Baita étaient dans un café dénommé La Source, situé à côté de l’ambassade de Belgique à Kinshasa, lorsque quatre hommes ont fait irruption et leur ont demandé de les suivre. C’est alors que N’Golyma a escaladé le mur de l’ambassade de Belgique pour y trouver refuge, suivi en cela par ses poursuivants. Après quelques instants d’altercation, le service de sécurité de l’ambassade de Belgique a livré le journaliste qui a été immédiatement ménoté et conduit, avec son collègue Baita, au cachot du parquet près le Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe. Après vérification des identités, Baita a été libéré. Il avait été confondu avec un autre journaliste, Gogin Kifwakiou, du journal « Vision », lui aussi recherché à la suite d’une plainte de Joseph Olenghankoy, président des Forces Novatrices pour l’Union et la Solidarité (FONUS, parti politique se reclamant de l’opposition).
Dans une lettre adressée, le 25 juillet, au Procureur de la république près le tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe et dont une copie a été déposée, le 31 juillet dans l’après-midi, à JED, Olenghankoy accuse N’Golyma et Kifwakiou d’imputations dommageables. Les journaux « Pot-Pourri » et « Vision », dans leurs éditions du 23 juillet, ont accusé le président des FONUS de corruption et concussion dans deux articles respectivement intitulés « Olenghankoy et les 200 mille USD de Katebe » et « Les 20 millions de FC (francs congolais) de Joseph Kabila divisent l’OPC de Joseph Olenghankoy ». Kifwakiou est entré en clandestinité depuis l’arrestation de N’Golyma.
N’Golyma a été entendu par M. Mbaki, premier substitut du procureur, qui voulait obtenir les sources de l’information publiée par « Pot-Pourri ». JED a pu rencontrer, le 31 juillet, en debut de soirée, le journaliste dans son cachot. Ce dernier porte des blessures à la main gauche et sur la poitrine consécutives à l’altercation avec les éléments de la police nationale congolaise en faction à l’ambassade de Belgique.
Dans une lettre adressée, le 27 juillet, au Président de la République, Joseph Kabila, JED a demandé que soit mis fin à l’escalade d’arrestations des journalistes à laquelle les divers services de sécurité et de justice se livrent depuis le début du mois de juillet. En l’espace d’un mois, 8 journalistes ont été arrêtés ou interpellés pour avoir exercé leur métier. À ce jour, N’Golyma est le troisième journaliste emprisonné. Il rejoint ainsi Delly Bonsange et Raymond Kabala du journal « Alerte Plus », emprisonnés au Centre Pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK, ex-Prison centrale de Makala) (consulter des alertes de l’IFEX des 31, 23 et 22 juillet 2002).