F.M. Masum a déclaré à RSF qu'il lui faudrait plusieurs mois pour récupérer de ses blessures.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle les autorités civiles et militaires à tirer les leçons de la récente arrestation de F.M. Masum, journaliste pour le quotidien en anglais « The New Age ». Le 22 octobre 2009, le journaliste a été détenu et torturé à Dacca, par le Rapid Action Battalion (RAB), unité d’élite anti-criminalité et anti-terroriste. Depuis sa chambre d’hôpital, F.M. Masum a déclaré à Reporters sans frontières qu’il lui faudrait plusieurs mois pour récupérer de ses blessures.
« Il est encourageant de voir que les autorités ont réagi en créant une commission d’enquête. Les tortionnaires doivent être sanctionnés et le journaliste dédommagé. Mais il est plus important encore que le gouvernement donne des instructions très claires pour que les forces de sécurité, notamment le RAB, mettent fin aux arrestations arbitraires et aux mauvais traitements contre des journalistes et militants des droits de l’homme », a déclaré l’organisation.
Dans la journée du 22 octobre, des membres du RAB-10 se sont introduits au domicile du journaliste et l’ont torturé pendant que d’autres mettaient en scène la découverte de stupéfiants à son domicile. Ils l’ont par la suite emmené à leur quartier général de Dhalpur.
Les policiers du RAB ont détenu F.M. Masum pendant environ dix heures, au cours desquelles ils l’ont torturé et menacé de mort afin d’obtenir des aveux. Il a affirmé que les policiers passaient sur lui leur colère à l’encontre de son rédacteur en chef, Nurul Kabir. Grâce à l’intervention de la rédaction du « New Age », le journaliste a finalement été relâché. Des articles publiés dans « The New Age » ont notamment dénoncé des exécutions extrajudiciaires impliquant le RAB, ainsi que des affaires de drogues.
Un communiqué de presse a été publié le 24 octobre, dans lequel le RAB affirme regretter l’incident. Le directeur général de cette unité d’élite a déclaré dans « The Daily Star » qu’une commission avait été constituée afin d’enquêter et de prendre des mesures contre les auteurs de ces exactions.
Alors que le gouvernement civil achève sa première année de pouvoir, d’autres cas récents de détention viennent entacher son bilan en matière de liberté de la presse. Le 19 octobre, la police avait détenu pendant quelques heures Hasibur Rahman Bilu, du quotidien « The Daily Star », basé à Bogra (Nord).
Le journaliste avait expliqué à Reporters sans frontières qu’il se trouvait en Malaisie au moment des faits cités dans les plaintes déposées contre lui pour tentatives d’extorsion. D’après lui, un ancien officiel serait lié à ce harcèlement.
Malgré une progression de plus de dix places dans le classement mondial de la liberté de la presse en 2009, le Bangladesh demeure dans le dernier tiers du tableau, à la 121e place sur 175 pays répertoriés.