(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, le général Robert Guéï, RSF a protesté contre l’agression dont a été victime Joachim Beugré, journaliste du quotidien ivoirien « Le Jour ». Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, a déploré cette agression et a précisé qu’il s’agissait d’une « grave atteinte à la liberté de la […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la République, le général Robert Guéï, RSF a protesté contre l’agression dont a été victime Joachim Beugré, journaliste du quotidien ivoirien « Le Jour ». Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, a déploré cette agression et a précisé qu’il s’agissait d’une « grave atteinte à la liberté de la presse ». Manifestant son inquiétude face à la dégradation de la situation en Côte d’Ivoire, à l’approche de l’élection présidentielle, RSF a demandé au président de tout mettre en Åuvre afin que les militaires cessent de s’en prendre aux journalistes. « Les hommes qui ont agressé ce journaliste étaient dans l’enceinte même de la présidence et donc placés sous l’autorité directe du chef de l’Ãtat », a ajouté Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, Diégou Bailly, directeur de publication du quotidien privé « Le Jour » et Beugré, du même journal, ont été convoqués, le 8 septembre 2000, à la présidence suite à la publication d’un article intitulé « Ãtat civil du général Robert Guéï : quelques interrogations ». « Le Jour » mettait en cause la filiation du général Guéï, sur la base d’un document d’Ãtat civil dans lequel le chef de l’Ãtat porte un nom différent de celui de son père.
Dès la fin de la rencontre entre le général et les journalistes, des militaires ont ordonné aux deux hommes de monter dans une voiture. Selon Bailly, les soldats lui ont ordonné de « descendre au niveau du portail, pour les laisser seuls avec Joachim Beugré ». Ils ont ensuite forcé ce dernier à indiquer son lieu d’habitation, afin de s’y rendre. Pendant le trajet, le journaliste s’est fait frapper, au motif qu’il avait « insulté le chef de l’Ãtat » en écrivant un tel article. Après avoir fouillé et inspecté la maison du journaliste, ils se sont garés à quelques kilomètres de l’aéroport où un soldat lui a lancé : « Le président t’a parlé, nous, nous allons prendre nos responsabilités ». Le journaliste a été, de nouveau, battu à coups de poings, de pieds et même de matraques par les trois militaires présents, qui lui sommaient de révéler ses sources. Ils se sont ensuite rendus près d’un terrain vague où ils ont abandonné le journaliste, après lui avoir interdit de diffuser la moindre information quant à son agression. Beugré est, depuis le 8 septembre, hospitalisé à Abidjan.
Le lendemain de l’agression, après avoir repris l’article du « Jour », le directeur de publication et le rédacteur en chef du quotidien « Le Patriote » ont été, à leur tour, convoqués à la présidence. Ils ont été entendus par l’adjudant Désiré Dacoury qui leur a notamment reproché de « vouloir avec le RDR (parti d’Alassane Ouattara) mettre le feu en Côte d’Ivoire ». L’adjudant Dacoury a précisé qu’ils pourraient à nouveau être convoqués dans les prochains jours.