(JED/IFEX) – Dans une lettre datée du 5 juin 2002, adressée à Jean-René Mputu Biduaya, directeur des informations à la chaîne de radiotélévision privée RAGA, le directeur général de RAGA, Versi Zaïre, a signifié au journaliste sa « nomination en qualité de Conseiller en matière de communication auprès du directeur général ». Le même jour, le directeur […]
(JED/IFEX) – Dans une lettre datée du 5 juin 2002, adressée à Jean-René Mputu Biduaya, directeur des informations à la chaîne de radiotélévision privée RAGA, le directeur général de RAGA, Versi Zaïre, a signifié au journaliste sa « nomination en qualité de Conseiller en matière de communication auprès du directeur général ». Le même jour, le directeur général a pris une décision « portant dissolution de la direction des informations » et sa réduction à un simple service.
Cette « promotion » n’est, en réalité, qu’une sanction infligée au journaliste à la suite des pressions, chantages et autres actes d’harcèlement dont sont victimes RAGA et son directeur général.
Selon les informations obtenues par JED, il ressort clairement que le ton de RAGA dérange sérieusement certaines personnes dans la sphère du pouvoir qui ne se gênent plus de donner, sous menaces, des injonctions dans le traitement de l’information à RAGA. À titre illustratif, des sources concordantes ont rapporté à JED que Lambert Kaboyi, directeur de la presse présidentielle, aurait téléphoné, fin avril, soit quelques jours après la fin des travaux du dialogue inter-congolais à Sun City (Afrique du Sud), à Serge Ahuka, directeur administratif de RAGA, pour lui proférer des menaces en ces termes : « Je vais vous accuser auprès du Président de la République et nous allons punir RAGA de façon exemplaire, car tous les médias de Kinshasa ont déclaré que les travaux de Sun City étaient un succès, sauf la chaîne RAGA qui prétend que c’était un échec… ».
D’autres sources, citant le directeur général de RAGA, ont affirmé que ce dernier, de nationalité Britannique, fait souvent l’objet de menaces et chantages de la part des services de sécurité qui lui demanderaient d’écarter le journaliste Mputu, accusé d’être « un journaliste de l’opposition ». A défaut de le faire, « RAGA risquait d’être fermé et son Directeur général expulsé de la RDC ». Les mêmes sources disent que le ministre de la Communication et Presse, Kikaya bin Karubi, ne cesse de demander au directeur général de RAGA d’interdire d’antenne le journaliste Mputu au motif que ses « commentaires ne sont pas favorables au pouvoir ».
Dans une lettre adressée au directeur général, le 3 juin, le journaliste dit que ce dernier lui aurait déclaré qu' »il est préférable d’obéir au gouvernement et obtenir toutes les facilités administratives pour installer RAGA à l’intérieur du pays (Ndlr: provinces), plutôt que de tout rater, puisqu’on veut faire une information objective ».
D’autre part, dans une note de la rédaction de RAGA, datée du 8 mai, les journalistes se plaignent de la censure très prononcée qui leur est imposée par la hiérarchie dans le traitement des informations. Selon les directives reçues, les journalistes doivent suivre la ligne du gouvernement. « Dans le traitement des informations, dansez comme danse le gouvernement et ne diffusez aucune information contre le gouvernement », rapporte la note de la rédaction de RAGA.
Déjà en avril 2001, lors du retour à Kinshasa de Etienne Tshisekedi, leader de l’UDPS (parti d’opposition non armée), Mputu avait réalisé, dans le cadre de son émission « À vous la parole », une interview avec ce dernier. L’émission n’est jamais passée et la cassette se trouverait jusqu’à ce jour au cabinet du Président de la République. Quelques temps après, l’émission a été simplement supprimée.
Dans une lettre de protestation envoyée le 8 juin au ministre de la Communication et Presse, JED lui a demandé de faire cesser les menaces, les chantages, le harcèlement et les interférences de divers services de sécurité dans le traitement de l’information à RAGA et dans les autres chaînes privées et publiques de la République démocratique du Congo ; de mettre fin ou de faire cesser les chantages d’expulsion à l’endroit du directeur général de RAGA en échange d’une inféodation de sa chaîne au gouvernement ; et de laisser les journalistes de RAGA en général, et Mputu en particulier, faire leur travail en toute indépendance, selon les règles de l’art.