(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est effarée par la peine de huit mois de prison ferme et de 250 000 $US d’amende prononcée le 3 octobre 2007 à l’encontre de Felisberto da Grâça Campos, journaliste et éditeur de l’hebdomadaire angolais « Semanario Angolense », par le tribunal de première instance de Luanda. « Le caractère disproportionné de la […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est effarée par la peine de huit mois de prison ferme et de 250 000 $US d’amende prononcée le 3 octobre 2007 à l’encontre de Felisberto da Grâça Campos, journaliste et éditeur de l’hebdomadaire angolais « Semanario Angolense », par le tribunal de première instance de Luanda.
« Le caractère disproportionné de la peine est un premier motif d’inquiétude. Mais le fait qu’en Angola, un journaliste soit condamné à une peine de prison ferme accentue notre préoccupation. Le pays s’était illustré ces dernières années par l’absence d’incarcération de journalistes pour des délits de presse. Cette période semble malheureusement terminée puisque nous devons rappeler aux autorités angolaises que, dans des cas comme celui-ci, la prison n’est absolument pas une réponse », a déclaré l’organisation.
Accusé des crimes de « diffamation, d’injures, de calomnies et d’atteintes aux droits de la personnalité », Grâça Campos répondait devant la 4e Chambre des crimes de droit commun à une plainte déposée en 2004 par l’ancien ministre et actuel auditeur de justice, Paulo Tchipilica. Celui-ci s’estimait lésé par la publication, en avril 2001 et mars 2004, d’articles relatifs à un hypothétique trafic d’influence.
Intitulé « S’il (le ministre) n’est pas stoppé, il vendra tout le pays », un article dénonçait la vague de restitutions aux anciens colons rentrés au pays des maisons qui, à la suite de leur fuite au moment de l’Indépendance en 1975, furent nationalisées puis vendues. L’article émettait des soupçons quant à la responsabilité du ministre dans cette affaire, en même temps qu’il faisait écho aux plaintes des fonctionnaires du même ministère sur le détournement présumé de fonds de leur caisse d’assistance sociale.
« La session de ce jour se borne à la lecture de la sentence, car le jugement a eu lieu par défaut le 25 septembre dernier suite à l’absence injustifiée de l’accusé », a expliqué le juge Pedro Viana. L’avocat du journaliste, Me Paulo Rangel, a « interjeté appel avec effet de suspension et recommencement du procès ». Le juge a admis le recours, mais « à effet dévolutif », ce qui signifie que Grâça Campos devait être conduit en prison pour purger sa peine jusqu’au traitement de l’appel.
Grâça Campos a contesté cette sentence. « Je n’ai pas joui du droit de contredire la plainte ni de justifier l’allégation sur mon absence », a-t-il déclaré à la presse. Il a ajouté que les circonstances aggravantes mentionnées dans le verdict, comme sa prétendue condamnation dans la province de Kwanza-Norte, étaient fausses pour la plupart.
Directeur général de l’hebdomadaire « Semanario Angolense », Grâça Campos a déjà provoqué une vive polémique en 2003. En publiant la liste des « dix premiers richards de l’Angola », il a ébranlé la sphère politique, dont plusieurs membres se sont vus reprocher leur fortune. Plusieurs procès ont été intentés contre lui, mais sur la base de la loi sur la presse en vigueur, les juges se sont prononcés en faveur du journaliste. Cependant, la loi a été amendée en 2006, accentuant la répression contre les délits de presse.