(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète d’une nette dégradation de la liberté de la presse en République centrafricaine. Depuis la tentative de coup d’État du 25 octobre 2002, deux radios internationales ont été censurées, un journaliste français a été refoulé sans explication de l’aéroport de Bangui et plusieurs professionnels de la presse locaux ont été menacés. RSF […]
(RSF/IFEX) – RSF s’inquiète d’une nette dégradation de la liberté de la presse en République centrafricaine. Depuis la tentative de coup d’État du 25 octobre 2002, deux radios internationales ont été censurées, un journaliste français a été refoulé sans explication de l’aéroport de Bangui et plusieurs professionnels de la presse locaux ont été menacés.
RSF demande aux autorités centrafricaines, et notamment au président de la République, Ange-Félix Patassé, de prendre des mesures afin de garantir la liberté de la presse. L’organisation appelle notamment au rétablissement des radios étrangères censurées, à une plus grande protection des journalistes locaux qui en font la demande et à plus de liberté pour les envoyés spéciaux étrangers qui viennent couvrir l’actualité du pays.
Selon les informations recueillies par RSF, Africa n°1 et Radio-France Internationale (RFI) ne sont plus captées à Bangui, la capitale centrafricaine. On ne peut plus écouter la station panafricaine depuis la tentative de coup d’État du 25 octobre, et les programmes de RFI ne sont plus captés par les auditeurs depuis le 16 novembre. Le 9 novembre, le chef de l’État s’était plaint de la couverture de RFI. « Si vous continuez, j’arrêterai RFI en FM à Bangui », avait-il déclaré. Le 19 novembre, le ministre d’État à la Communication, Gabriel-Jean Edouard Koyambounou, a démenti avoir coupé les émetteurs des deux radios. Selon lui, il pourrait s’agir d’une panne technique dûe à « de fortes pluies ou à des coups de tonnerre ».
Le 17 novembre, Thierry Oberlé, envoyé spécial du quotidien français « Le Figaro », a été refoulé de l’aéroport Mpoko de Bangui par la police de l’air et des frontières. Cette décision n’a pas été motivée. Selon le journaliste, un mercenaire de l’équipe de l’ancien gendarme français Paul Barril semblait superviser les opérations à l’aéroport.
Plusieurs journalistes locaux ont affirmé avoir reçu des menaces de la part des forces de l’ordre centrafricaines. Parmi eux, Joseph Benamse, correspondant de l’agence américaine Associated Press et de la radio britannique BBC, a été menacé, le 14 novembre, par un chauffeur de la présidence de la République, également reponsable d’une milice armée. « Appuyé par sept soldats bien armés, celui-ci a suivi ma voiture et m’a contraint à m’arrêter devant la BICA [une banque] pour me reprocher ce qu’il a défini comme un manque d’objectivité dans ma couverture des derniers événements qui ont secoué le pays », a expliqué le journaliste.
Maka Gbossokotto, directeur de publication du « Citoyen », a également fait part de menaces contre sa personne. Sa ligne téléphonique a été coupée à plusieurs reprises et le journaliste s’estime surveillé.
Par ailleurs, le 15 novembre, un groupe de journalistes centrafricains a appelé à la libération de Prosper N’Douba, porte-parole de la présidence et directeur de publication du journal « Centrafrique Presse », détenu depuis le 25 octobre par les partisans du général François Bozizé. Ce dernier a revendiqué la dernière tentative de coup d’État.