(RSF/IFEX) – RSF demande des éclaircissements sur le sort de Bakhtiar Haddad, traducteur irakien d’origine kurde, arrêté à Falloujah, le 8 novembre 2004, avec un photographe français, Corentin Fleury, et détenu par les forces américaines depuis vingt jours. Selon des responsables américains, Haddad serait gardé depuis le 23 novembre à la prison d’Abu Ghraib, soupçonné […]
(RSF/IFEX) – RSF demande des éclaircissements sur le sort de Bakhtiar Haddad, traducteur irakien d’origine kurde, arrêté à Falloujah, le 8 novembre 2004, avec un photographe français, Corentin Fleury, et détenu par les forces américaines depuis vingt jours. Selon des responsables américains, Haddad serait gardé depuis le 23 novembre à la prison d’Abu Ghraib, soupçonné de collaboration avec la guérilla irakienne.
« Si les forces américaines ont des motifs sérieux et avérés justifiant la détention de ce collaborateur d’un média, elles doivent les rendre publics », a écrit RSF dans une lettre adressée au lieutenant général John F. Sattler, commandant des Marines à Falloujah. « Sinon, elles doivent le relâcher dans les meilleurs délais ».
Haddad a été arrêté par des Marines américains le 8 novembre à Falloujah. Il travaillait avec Fleury, photographe français indépendant. Ensemble, ils ont suivi l’offensive américaine au coeur de la ville sunnite insurgée. Ils ont rencontré, dès le 24 octobre, dans le cadre de leur activité journalistique, des membres de la guérilla islamiste.
Le 8 novembre, alors que les forces américaines et irakiennes lançaient l’assaut « final » sur Falloujah, les deux hommes ont tenté de quitter la ville par le nord en traversant la voie ferrée pour rejoindre l’autoroute. D’après le reportage de Fleury, paru le 27 novembre dans le magazine « Le Monde 2 », ils ont alors été arrêtés par un groupe de Marines, vers 19h00 (heure locale). « Ils nous ont retenus cinq jours pleins. Après avoir tout vérifié, les Américains m’ont laissé partir, mais ils ont gardé mon traducteur ».
Deux clichés pris par Fleury montrant Haddad en train de porter une arme seraient à l’origine des soupçons des forces américaines.
Francophone, Haddad a travaillé depuis 2003 avec plusieurs équipes de reporters couvrant la guerre dans le nord de l’Irak, les chaînes de télévision France 2, et Canal +, et la radio privée RTL. Les rédactions de ces médias ont adressé aux autorités américaines en Irak des lettres faisant état des qualités professionnelles de Haddad.
Après la chute du régime baasiste, celui-ci a continué à proposer ses services aux journalistes. D’après le comité de soutien à Bakhtiar Haddad, ce dernier est le fils d’un universitaire réputé d’Erbil. « Les autorités kurdes ne lui connaissent aucun passé islamiste. Plus amateur de football que de politique, témoin de la répression au Kurdistan après la première guerre du golfe, il n’a jamais exprimé la moindre sympathie pour le régime de Saddam Hussein ». Une pétition en ligne demandant la libération de Haddad peut être signée sur le site : http://www.freebakhtiar.org.
Par ailleurs, selon l’agence américaine Associated Press (AP), des hommes armés qui avaient mis en place un faux barrage sur la route au sud de Bagdad ont kidnappé le journaliste irakien Raad Beraiej Al-Azzawi, le 26 novembre 2004. D’après Ayad Al-Tamimi, rédacteur en chef du journal « Sada Wasit », Al-Azzawi a été enlevé à une quarantaine de kilomètres de la ville de Qout (160 km au sud-ouest de Bagdad). Il aurait appelé sa rédaction et expliqué qu’aucune rançon n’était demandée mais que ses assaillants l’avaient retenu après avoir trouvé sa carte de presse.
Al-Azzawi, critique à l’égard de Saddam Hussein, avait été emprisonné sous l’ancien régime baasiste.