(RSF/IFEX) – Alors que le Parlement européen vient d’adopter une résolution sur la situation de la liberté de la presse et des droits de l’homme au Bangladesh, les menaces et les agressions se poursuivent dans le pays. En l’espace d’une semaine, six journalistes ont été victimes de violences. « Le travail du gouvernement intérimaire est de […]
(RSF/IFEX) – Alors que le Parlement européen vient d’adopter une résolution sur la situation de la liberté de la presse et des droits de l’homme au Bangladesh, les menaces et les agressions se poursuivent dans le pays. En l’espace d’une semaine, six journalistes ont été victimes de violences.
« Le travail du gouvernement intérimaire est de créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections libres. Cela inclut, bien entendu, des garanties de sécurité et de liberté pour la presse. Le Parlement européen vient de le rappeler très clairement dans sa résolution basée notamment sur les rapports de Reporters sans frontières. Nous demandons au président Iajuddin Ahmed d’écouter ces appels et de prendre des mesures énergiques pour protéger les journalistes », a affirmé l’organisation.
Un an après l’assassinat de Gautam Das, correspondant du quotidien national « Dainik Shamokal » à Faridpur (Centre) le 17 novembre 2005, Reporters sans frontières souhaite rappeler que l’impunité règne dans la majorité des affaires de meurtres de journalistes. La police avait identifié une dizaine de suspects, mais ils n’ont toujours pas été jugés, et certains circulent librement près de Faridpur.
Reporters sans frontières salue l’adoption, le 16 novembre 2006, par le Parlement européen de la résolution P6_TA-PRO(2006)0502 sur le Bangladesh. Le Parlement européen « demande aux autorités de mettre fin au climat d’impunité et d’engager des poursuites à l’encontre des auteurs d’agression et de harcèlement envers les journalistes ». Il demande aussi que les médias publics relaient équitablement les activités des différents partis durant la campagne électorale. Le Parlement souhaite également que se développent des programmes afin de promouvoir la liberté de la presse au Bangladesh.
Le 13 novembre, Ansar Hossain, correspondant du « Dainik Amar Desh » et de l’agence de presse BDNews24, a échappé à une tentative d’assassinat à son domicile, à Noniya Chara (près de Chittagong, Sud-Est). Il avait rédigé des articles sur les activités d’un groupe criminel.
Le 16 novembre, quatre journalistes – Niamul Kabir Sajal du « Dainik Prothom Alo », Babul Hossain du « Dainik Janakantha », Mir Golam Mostafa du « Dainik Shamokal », et le photoreporter Nuruzzaman – se sont rendus dans un village du district de Hatilet (au nord de Dacca) pour enquêter sur des menaces contre la minorité religieuse Ahmadiyah. Ils ont été battus par des miliciens locaux et ont dû être hospitalisés. Les journalistes ont porté plainte et six des agresseurs ont été arrêtés, mais leur chef est toujours en liberté.
Le 17 novembre, Tuhinul Islam Tuhin, correspondant du quotidien « Ittefaq » de l’université de Rajshahi (près de Dacca), a été menacé de mort pour avoir publié un rapport sur la Bangladesh Chhatra League, mouvement étudiant proche de l’Awami League. La veille, Ibrahim Hossain Moon, responsable de cette organisation, avait déjà menacé le journaliste avant de s’excuser.
Cette semaine également, Subrata Deb Roy Sanjay, journaliste des quotidiens « Dainik Khabor » et « Sylheter Dak », a été contraint de fuir la région de Sylhet (Nord-Est) après avoir reçu des menaces de mort de l’homme d’affaires Hazi Mujib, proche du parti BNP. Avant de s’enfuir, il avait également été battu et son domicile avait été pillé.
Le 19 novembre, le Commission électorale a, sans motif, interdit l’accès aux journalistes qui venaient assister à une séance de préparation des prochaines élections générales. Une telle interdiction s’était déjà produite une semaine auparavant.
Enfin, le 18 novembre, le ministère de l’Intérieur a décidé de retirer la protection accordée, depuis janvier 2004, aux bureaux régionaux du « Dainik Prothom Alo », « Dainik Samakal », « Dainik Jugantar », « Dainik Amar Desh » et de deux journaux locaux à Khulna (Sud-Ouest) afin d’assurer la sécurité des journalistes. Plusieurs professionnels des médias ont été assassinés en 2004 et 2005 dans cette ville. La police affirme manquer de personnel.