RSF appelle les autorités à faire toute la lumière sur la mort de Darma Sahlan sans exclure la piste criminelle et professionnelle.
(RSF/IFEX) – Le 10 février 2012 – Reporters sans frontières s’inquiète des récentes attaques dont sont victimes les médias de l’archipel. L’organisation a également appris la mort du journaliste de l’hebdomadaire « Monitor Medan », Darma Sahlan, dont le corps a été retrouvé à Lawe Two, dans la province d’Aceh (nord de l’île de Sumatra), le 5 février 2012.
« Nous présentons nos condoléances à la famille de Darma Sahlan. Nous appelons les autorités à faire toute la lumière sur cette affaire, sans exclure la piste criminelle et professionnelle. Elles doivent également prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des journalistes et, plus généralement, la liberté de l’information. La dégradation des conditions de travail des professionnels des médias dans l’ensemble du pays et particulièrement en Papouasie occidentale, nous inquiète au plus haut point », a déclaré l’organisation.
Le 5 février 2012, Darma Sahlan a été trouvé mort dans un fossé, à côté de sa moto. Les causes de sa mort sont incertaines. Selon l’épouse du journaliste, interviewée par « Serambi Indonesia », il s’agirait d’un assassinat. Elle a également affirmé que le corps de son époux comportait des traces de lacérations et d’autres blessures, aurait été déposé dans le fossé où il a été retrouvé. Enfin, elle a révélé que son mari avait eu, un mois plus tôt, une conversation téléphonique assez virulente au sujet de nouvelles qu’il avait rapportées.
La police procède actuellement à une enquête. Les résultats de l’autopsie ont confirmé que le journaliste avait été frappé à la tête par un objet contondant et que son visage comportait des blessures. En outre, des traces de freinage ont été relevées près de l’endroit où le corps sans vie a été retrouvé.
En Papouasie occidentale, Petr Zamecnik, journaliste de nationalité tchèque travaillant pour Fincentrum, a été arrêté après avoir pris des photos d’une manifestation indépendantiste à Manokwari, le 8 février 2012. Selon un porte-parle de la police locale, le journaliste a affirmé réaliser un reportage sur les sites touristiques de la région, mais ne serait pas en mesure de prouver son activité. Il serait entré dans le pays avec un visa touristique. Le journaliste a été remis aux services de l’immigration qui doivent décider d’une éventuelle expulsion.
Dans la soirée du 5 février 2012, Andri Jufri, jeune journaliste pour Kompas TV, a été passé à tabac par un gang à moto alors qu’il rentrait chez lui, à Makassar (Sulawesi du Sud). Il a été blessé au visage et au corps, ses lunettes, son casque et sa moto ont été endommagés. Selon le site VIVAnews, les gangs de Makassar n’apprécient pas que les journalistes rapportent les courses de moto qu’ils organisent illégalement.
Comptes bloqués
Le ministre des Technologies de la communication et de l’information a annoncé que les comptes Twitter anonymes et « offensants » seraient bloqués. La procédure utilisée n’a pas été détaillée, mais en vertu de la lnformation and Electronic Law, les utilisateurs pourraient être visés par des accusations relatives au blasphème, à la fraude, à des menace, à de pornographie ou encore au jeu. La communauté des internautes indonésiens, forte de 55 millions d’individus, se montre très mobilisée sur des questions de société comme la lutte contre la corruption ou les violences sectaires.
L’Indonésie figure au 146ème rang, sur 179 pays, dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Au moins deux journalistes ont été tués en Papouasie occidentale en 2011, cinq enlevés et dix-huit agressés. Les journalistes et médias étrangers souhaitant accéder à la région sont soumis à une pesante procédure bureaucratique d’accréditation préalable du ministère de l’Information, et restent accompagnés sur le terrain quand ils l’obtiennent. Seuls trois d’entre eux ont été autorisés à accéder à la Papouasie occidentale en 2011.