(RSF/IFEX) – Le correspondant du quotidien « Le Courrier d’Abidjan » à Duékoué (Ouest) a trouvé la mort le 7 novembre 2004 à 11h00 (heure locale), lors de heurts entre l’armée ivoirienne, des manifestants et une colonne de troupes françaises (la force Licorne), a appris RSF. Antoine Massé, professeur de lettres modernes et correspondant de ce quotidien […]
(RSF/IFEX) – Le correspondant du quotidien « Le Courrier d’Abidjan » à Duékoué (Ouest) a trouvé la mort le 7 novembre 2004 à 11h00 (heure locale), lors de heurts entre l’armée ivoirienne, des manifestants et une colonne de troupes françaises (la force Licorne), a appris RSF.
Antoine Massé, professeur de lettres modernes et correspondant de ce quotidien indépendant proche de la mouvance présidentielle, a été tué par balles, alors qu’il couvrait une manifestation visant à bloquer l’avancée de soldats français de la force Licorne partis de Man (Ouest) et en route pour Abidjan, a annoncé sa rédaction. Selon le bilan communiqué par les Forces de défense et de sécurité ivoiriennes (FDS), trois militaires, un policier, un douanier et trois civils ont trouvé la mort ce jour-là lors de « l’ouverture du feu sur le corridor par une colonne Licorne » à Duékoué et Dibobly. Interrogé par RSF, le porte-parole des FDS, le lieutenant-colonel Jules Yao Yao, a confirmé que Massé faisait partie des victimes.
Le « corridor » de Duékoué est l’une des zones sensibles de l’ouest de la Côte d’Ivoire. Selon des correspondants de presse, l’armée ivoirienne y serait appuyée par des milices supplétives. Le 2 novembre, l’armée avait officiellement fermé les corridors de Duékoué et de Tiébissou menant au Nord, via Bouaké, dans le cadre de « mesures ponctuelles qui obéissent à un souci sécuritaire après les récentes décisions des ex-rebelles ». Le matin du 7 novembre, la colonne de la force Licorne partie de Man s’est heurtée à un barrage sur cette route et a ouvert le feu pour libérer le passage.
« La mort d’un journaliste est à prendre au sérieux, a déclaré RSF. Nous demandons à la force Licorne d’ouvrir une enquête et de faire état publiquement des circonstances de la mort d’Antoine Massé. Par ailleurs, nous appelons les journalistes qui travaillent en Côte d’Ivoire à redoubler de prudence. Dans un tel contexte de confusion, un journaliste est notamment appelé à se signaler clairement », a conclu l’organisation.
Selon la rédaction du « Courrier d’Abidjan », Massé a été atteint d’une balle dans la tête et une autre dans le coeur. William-Varlet Asia, rédacteur en chef adjoint du quotidien, a déclaré à RSF avait eu le journaliste au téléphone quelques heures avant sa mort et qu’il lui avait donné une nouvelle fois des consignes de sécurité.
RSF rappelle, en outre, que, la veille, un cameraman de la Radiotélévision ivoirienne (RTI), Lazare Ahua, a été blessé par balles aux pieds, sur la ligne de front à Tiébissou (Centre), alors qu’il filmait les opérations de représailles des hélicoptères de la force Licorne, après les frappes meurtrières de l’aviation ivoirienne sur une position française à Bouaké.