(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Mohammad Nasim, RSF a exprimé son indignation après l’assassinat d’un journaliste dans le sud du pays et la tentative de meurtre à l’encontre d’un correspondant du quotidien » Dainik Janakantha ». « Nous prenons acte de votre visite à l’hôpital de Dhaka où est soigné Prabir Shikder […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Mohammad Nasim, RSF a exprimé son indignation après l’assassinat d’un journaliste dans le sud du pays et la tentative de meurtre à l’encontre d’un correspondant du quotidien » Dainik Janakantha ». « Nous prenons acte de votre visite à l’hôpital de Dhaka où est soigné Prabir Shikder du quotidien ‘Dainik Janakantha’, et nous espérons que ce geste se traduira dans les faits par une enquête approfondie et partiale afin d’établir l’identité et les motivations des exécutants et des commanditaires », a affirmé Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
« Depuis le début de l’année 2001, les journalistes qui rapportent dans les médias les affaires de corruption, la violence politique ou l’intolérance religieuse sont la cible d’attaques d’une violence inouïe », a affirmé Ménard. Depuis le début de l’année 2001, RSF a recensé trente-quatre cas d’agressions de professionnels de la presse en moins de quatre mois. « L’impunité dont jouissent les agresseurs et les commanditaires ne peut qu’encourager les attaques contre les journalistes », a ajouté Ménard.
Selon les informations obtenues par RSF, Nahar Ali, correspondant du journal local en bengali « Anirban à Khulna » (sud-est du pays) est décédé, le 23 avril, des suites de ses blessures à l’hôpital de la ville. Selon la police et sa famille, le journaliste a été kidnappé le 18 avril dans son village de Dumuria, à quelques kilomètres de Khulna. Le journaliste a été retrouvé inconscient, deux jours plus tard, près de son village. Il a été passé à tabac par ses ravisseurs. Selon les médecins, Ali est mort suite à un traumatisme crânien et une hémorragie interne. Ses assaillants lui ont brisé les jambes et les bras. La police a accusé un groupe d’extrême gauche, « Biplobi Communist Party », d’être à l’origine de cet assassinat. Une minorité de ce mouvement armé a refusé effectivement une amnistie du gouvernement et sévit dans le sud du pays. Les représentants de l’État et les journalistes qui dénoncent leurs actions sont régulièrement pris comme cible. En janvier 2000, Mir Illias Hossain, directeur d’un quotidien local, avait été assassiné par un groupe armé d’extrême gauche (consulter l’alerte de l’IFEX du 17 janvier 2000).
Le 22 avril, Shikder, correspondant du journal « Dainik Janakantha » à Faridpur (à l’ouest de la capitale), a été amputé de la jambe gauche après avoir fait l’objet d’une tentative d’assassinat, deux jours auparavant. Trois inconnus, dissimulés dans une camionnette, ont attaqué le journaliste alors qu’il se déplaçait en motocyclette dans le centre ville de Faridpur. Ils ont lancé des cocktails Molotov dans sa direction puis lui ont tiré dessus à bout portant à trois reprises. Avant de s’enfuir, les agresseurs l’ont frappé à coups de machette. Shikder a été transporté à l’hôpital orthopédique de Dhaka où les médecins ont dû l’amputer de la jambe droite touchée par une balle.
Cette attaque n’a pas été revendiquée, mais certains collègues du journaliste pensent que les assaillants se vengeaient d’une série d’articles publiés par Shikder sur les criminels de la guerre d’indépendance de 1971. Le journaliste et sa famille ont régulièrement été menacés depuis la parution de ces enquêtes. La police a annoncé avoir arrêté deux suspects, Shahidul Islam, âgé de 27 ans, et Mohammad Rahman, âgé de 24 ans. Selon la presse locale, l’interrogatoire des suspects n’a pas pu commencer car l’enquêteur n’était pas disponible. Les autorités civiles ont refusé de recevoir des journalistes qui ont manifesté dans les rues de Faridpur suite à cette agression. Les autorités judiciaires ont même refusé une pétition signée par des journalistes du Club de la presse de Faridpur.
Enfin, le ministre de l’Intérieur a rendu visite à Shikder à l’hôpital. Il a également rencontré le journaliste de l’agence de presse United News of Bangladesh (UNB), Tipu Sultan, toujours hospitalisé après avoir été agressé, le 25 janvier, par des hommes de main du député du parti au pouvoir, Joynal Hazari. Les suspects, identifiés par le journaliste et plusieurs témoins, n’ont toujours pas été interrogés par la police. Après avoir remis une aide financière à Sultan, le ministre a promis de prendre en considération ses demandes, notamment que la sécurité de sa famille soit assurée et que sa plainte soit enfin prise en compte.