(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au gouverneur de la province pakistanaise de la Frontière du Nord-Ouest, Syed Iftikhar Hussain Shah, RSF a protesté contre le harcèlement dont est victime Hayatullah Khan, correspondant du journal national « Ausaf » dans ce district des zones tribales (nord-ouest du pays). RSF a demandé au gouverneur que les menaces physiques […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au gouverneur de la province pakistanaise de la Frontière du Nord-Ouest, Syed Iftikhar Hussain Shah, RSF a protesté contre le harcèlement dont est victime Hayatullah Khan, correspondant du journal national « Ausaf » dans ce district des zones tribales (nord-ouest du pays). RSF a demandé au gouverneur que les menaces physiques cessent et que les poursuites engagées par les autorités du Waziristan du Nord contre le journaliste soient levées. En effet, l’organisation considère que Khan n’a fait qu’exercer son droit à informer. « Un tel comportement de la part de représentants de l’Etat est inacceptable. Nous tenons à vous rappeler que le président Pervez Musharraf s’est personnellement engagé à faire respecter la liberté de la presse dans tout le pays », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Le 5 août 2001, Khan a annoncé à RSF qu’il était de nouveau menacé et devait continuer à vivre dans la clandestinité. Il est le correspondant du quotidien en ourdou « Ausaf » à Mir Ali, siège de l’administration du district du Waziristan du Nord, district des zones tribales sous contrôle fédéral, au nord-ouest du pays. Depuis le mois de juin, le journaliste est harcelé par les autorités. Menacé d’arrestation, le journaliste a fui Mir Ali. Poursuivi par des hommes de Muhammad Mushtaq Jadoon, gouverneur du district, il a dû quitter la ville de Bannu pour se réfugier à Peshawar où il vit caché. Khan a confié à RSF : « J’ai reçu tellement de menaces que j’ai dû quitter ma ville natale et vivre dans la clandestinité pour échapper aux hommes envoyés par l’administration ». Les autorités locales reprochent au correspondant d' »Ausaf » la publication d’articles sur la mauvaise gestion de l’administration locale et l’influence grandissante des taliban dans la zone. Sur ordre de Mushtaq Jadoon, des hommes ont fouillé à plusieurs reprises la maison du journaliste et ont arrêté l’un de ses proches pour l’obliger à se rendre. Par ailleurs, de nombreuses plaintes, « inventées » selon le journaliste, ont été déposées par les autorités.
Le 30 juillet, des membres de l’Union des journalistes des zones tribales ont manifesté à Peshawar pour demander la démission du gouverneur Mushtaq Jadoon.
Dans le « Rapport 2001. La liberté de la presse dans le monde », RSF écrivait : « Dans certaines zones reculées du pays, les journalistes sont la proie de multiples pressions des autorités et des notables. Ainsi, le président de l’Union des journalistes des zones tribales (province sous administration fédérale au nord-ouest du pays) affirme que pour être journaliste, « il faut appartenir à un clan fort sinon vous risquez votre vie chaque fois que vous écrivez un article. » Arrêté lui-même six fois depuis le début de sa carrière, Sailab Mehsood, journaliste expérimenté, explique que « les traditions sont en complète contradiction avec la liberté de la presse. Alors il faut se battre pour se faire accepter en tant que journaliste. »