Les sites identifiés comme "extrémistes" auront trois jours pour retirer le contenu incriminé selon des critères flous. En cas de refus, deux avertissements supplémentaires seront envoyés, avant la fermeture du site.
(RSF/IFEX) – Le 28 octobre 2011 – Reporters sans frontières dénonce la mise en place par Roskomnadzor, Service fédéral de surveillance des communications, des technologies de l’information et des communications de masse, d’un logiciel de recherche des propos qualifiés d’ « extrémistes » sur Internet. Les sites identifiés auront trois jours pour retirer le contenu incriminé selon des critères flous. En cas de refus, deux avertissements supplémentaires seront envoyés, avant la fermeture du site. Le logiciel, actuellement en phase de test, sera utilisé dès décembre prochain.
Le ministère de la Justice a, quant à lui, publié un appel d’offres public pour créer son propre système de surveillance de contenu Internet. Toute publication sur le gouvernement et la justice russes et toute déclaration de l’Union européenne concernant la Russie seront ainsi passées au crible.
« Notre principale inquiétude porte sur la définition très large des propos ‘extrémistes’, et sur le caractère arbitraire et disproportionné de la sanction qui peut aller jusqu’à la fermeture du site. La création de ce logiciel instaure une surveillance généralisée du Web russe, qui risque de conduire, à terme, au retrait de tout contenu gênant pour les autorités. Ce dispositif ne peut qu’être liberticide pour la circulation de l’information », a déclaré Reporters sans frontières.
Alors que la quatrième édition consécutive de la « Semaine de l’Internet russe » vient de s’achever, les risques de retrait de contenus sont confirmés par les derniers incidents relevés dans le pays.
L’antenne de Roskomnadzor à Tomsk (Sibérie) a récemment fait pression sur la chaîne de télévision régionale TV-2 pour qu’elle cesse de rediffuser deux programmes d’information de Dojd, première chaîne télévisée sur Internet en Russie, dont le contenu est critique vis-à-vis des autorités. Motif officiel : la licence de TV-2 ne lui permettrait pas de « diffuser des programmes d’un autre média ». Cependant, d’après le rédacteur en chef de la chaîne, Viktor Moutchnik, rien ne s’oppose à l’achat et à la rediffusion d’autres contenus. « Cette réclamation est juridiquement nulle, et nous avons l’intention de la contester en justice », a-t-il déclaré. La chaîne encourt le retrait de sa licence et une amende.
Le 23 octobre 2011, Kseniya Sobtchak, animatrice de télévision, a posté une vidéo de Vasiliy Yakemenko, directeur de l’Agence fédérale de la jeunesse et leader du mouvement pro-Kremlin « Nachi », dînant dans l’un des plus luxueux restaurants de Moscou. De nombreuses critiques ont suivi la diffusion de cette information. Sans se prononcer sur le contenu de la vidéo, Reporters sans frontières s’inquiète de la réaction de l’attachée de presse du mouvement, Anna Biryukova, qui a demandé aux sites hébergeant la vidéo de la retirer au plus vite, sous peine de poursuites judiciaires.