(CPJ/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du CPJ daté du 4 décembre 2007: Un ministre sénégalais envoie une lettre de menace à un journaliste New York, le 4 décembre 2007 – Un ministre du gouvernement du Sénégal a proféré lundi dernier des menaces contre un reporter, à la suite d’un article l’impliquant dans un […]
(CPJ/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du CPJ daté du 4 décembre 2007:
Un ministre sénégalais envoie une lettre de menace à un journaliste
New York, le 4 décembre 2007 – Un ministre du gouvernement du Sénégal a proféré lundi dernier des menaces contre un reporter, à la suite d’un article l’impliquant dans un présumé scandale de corruption, selon les médias et les journalistes locaux. Adama Sall, le ministre sénégalais de l’hydraulique, est la troisième haute personnalité du gouvernement du Président Abdoulaye Wade à ainsi menacer de violenter des journalistes cette année suite à des reportages critiques a l’égard du gouvernement, selon des recherches du CPJ.
En effet, M. Sall a fait parvenir une lettre écrite à la main au siège de l’hebdomadaire privé Weekend sis à la capitale du Sénégal, Dakar, selon le rédacteur en chef du dit magazine, Babacar Diop. La lettre, scellée dans une enveloppe officielle portant l’entête du ministère, déclarait que le journaliste de Weekend, Babou Birame Faye, « ne tardera pas à payer pour sa méchanceté gratuite », selon une copie de la lettre obtenue par le CPJ. Cette lettre a été adressée au journaliste Madiambal Diagne, président du groupe de presse Avenir qui publie Weekend.
Cette lettre de menace a été écrite suite à un article paru dans l’édition de vendredi dernier intitulé « Scandale au ministère de l’hydraulique » et qui a souligné la disparition présumée de 42,5 millions de francs CFA (95000 dollars américains) destinés à une commande de matériel hydraulique, selon des recherches du CPJ. Citant un rapport d’audit du gouvernement et des interviews contradictoires avec plusieurs autorités ministérielles, y compris M. Sall, l’article a conclu que « de graves soupçons » pèsent sur le ministre et son directeur de cabinet. Il a également cité M. Sall niant toute connaissance de ces allégations.
Selon les journalistes locaux, M. Sall a été lié à plusieurs scandales financiers ces dernières années, mais il n’a jamais été officiellement inculpé.
« Nous sommes troublés par cette inquiétante tendance à l’impunité dont semblent jouir certaines hautes personnalités du gouvernement du Président Abdoulaye Wade qui intimident les journalistes critiques », a déclaré le directeur exécutif du CPJ, Joel Simon. « Nous appelons donc le président Wade à respecter son engagement à promouvoir la liberté de la presse par des actions concrètes, notamment en demandant aux responsables de son propre gouvernement qui utilisent leurs fonctions pour agir au-dessus des lois, de rendre compte de leurs actes ».
Le gouvernement du président Wade doit aussi publiquement rappeler à l’ordre deux hauts responsables de son parti au pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (PDS), qui ont proféré des menaces de violence physique contre des journalistes cette année suite à des articles critiques, selon des recherches du CPJ. Il s’agit de Farba Senghor, jadis ministre des Transports, et du député Moustapha Cissé Lô qui n’ont jusqu’à présent pas été interrogés par la police sénégalaise au sujet de menaces prétendument proférées contre le quotidien privé Walf Grand-Place et la chaîne de radio Disso FM, ont déclaré les journalistes locaux au CPJ.
Au contraire, M. Senghor a été nommé ministre du commerce, tandis que M. Sall a conservé son poste actuel suite à un remaniement du gouvernement aujourd’hui, selon les médias.
Vendredi dernier, le président Wade avait exhorté les journalistes à bien recueillir les commentaires des autorités avant de publier des articles sur le gouvernement, selon le quotidien d’état, Le Soleil. « Parce que tout ce qui affecte le gouvernement affecte l’image du Sénégal, nous avons intérêt à avoir une bonne image du Sénégal », disait-il.
Le CPJ est une organisation indépendante à but non lucratif, dévouée à la défense de la liberté de la presse dans le monde entier.