(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine, RSF a vigoureusement protesté contre les menaces émises par le porte-parole du ministère de l’Information à l’encontre des médias considérés comme « hostiles aux intérêts russes ». « Ces propos contredisent gravement votre constitution, qui garantie la liberté d’expression et constitue une violation […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine, RSF a vigoureusement protesté contre les menaces émises par le porte-parole du ministère de l’Information à l’encontre des médias considérés comme « hostiles aux intérêts russes ». « Ces propos contredisent gravement votre constitution, qui garantie la liberté d’expression et constitue une violation flagrante des engagements pris par la Russie au sein du Conseil de l’Europe », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. RSF a par ailleurs demandé au chef de l’État russe de respecter ses engagements en faveur de la liberté de la presse.
Selon les informations recueillies par RSF, Iouri Akinchine, porte-parole du ministère de l’Information a déclaré, le 16 mai 2000, que les autorités russes « ne disposaient pas de moyens d’influence sur les médias qui agissent contre les intérêts de la Russie ». Il a ajouté que le ministère de l’Information envisageait de se donner les moyens de suspendre de tels médias, en incluant la notion « d’abus de la liberté de parole » dans un nouveau projet de loi. Akinchine a, en outre, vigoureusement critiqué la radio internationale Radio Liberty / Radio Free Europe pour sa couverture de la guerre en Tchétchénie. La veille, un haut fonctionnaire en charge des affaires de presse, Andrei Romanchenko, avait jugé la position de Radio Liberty « hostile à l’État ».
RSF rappelle que le correspondant de Radio Liberty Andrei Babitsky, couronné du prix « pour le journalisme et la démocratie » de l’OSCE, demeure assigné à résidence et sous le coup d’une double inculpation pour « participation à bande armée » et « usage de faux passeport ». Arrêté le 16 janvier par les forces fédérales à Grozny, le journaliste avait été détenu au camp de filtration de Tchernokozovo, où il avait subi de mauvais traitements (consultez lers alertes de l’IFEX des 10, 3 et 1 mars, 28, 10, 9, 8, 7, 4, 2 et 1 février, 31 et 28 janvier 2000). À son propos, le président Poutine avait déclaré : » il est clairement au service de l’ennemi, ce qu’il fait est bien plus dangereux que de tirer des rafales d’armes automatiques ». Les autorités russes ont multiplié les déclarations hostiles envers les représentants de la presse travaillant en Tchétchénie, notamment envers les correspondants étrangers, accusés de vouloir discréditer l’action des forces russes. Une dizaine d’entre eux ont été interpellés, interrogés et éloignés des zones de combats. L’accès à la Tchétchénie reste soumis à l’attribution d’une accréditation, délivrée par les forces militaires, impossible à obtenir.