Jacques Nyamugenda a été suspendu suite à une demande du ministre Naason Kubuya Ndoole, qui accuse l'animateur d'avoir tenu des "propos diffamatoires et injurieux à l'endroit des autorités en place".
(JED/RSF/IFEX) – Le 3 août 2011 – Le 3 août 2011, Reporters sans frontières et Journaliste en danger (JED), son organisation partenaire en République démocratique du Congo, ont écrit au ministre provincial chargé des questions d’information et de presse dans le Nord-Kivu, Naason Kubuya Ndoole, pour exprimer leur ferme désapprobation suite à sa décision de suspendre, pour une durée indéterminée, l’animateur de la radio Mishapi Voice TV, Jacques Nyamugenda, alias « Djasadjasa ».
« Il ne vous appartient en aucun cas de prendre ce type de mesure et votre décision relève donc d’un total abus de pouvoir. L’éventuelle suspension d’un journaliste est décidée par l’organe de régulation des médias, c’est-à-dire la Haute autorité des médias (HAM), appelée à être remplacée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication », ont rappelé Reporters sans frontières et Journaliste en danger.
« Votre décision, qui ne repose sur aucun fait concret, est à la fois choquante par son caractère draconien et irrecevable. C’est pourquoi nous invitons le président directeur général de Mishapi Voice TV à ne pas tenir compte de votre injonction et nous vous demandons, Monsieur le Ministre, de revenir immédiatement sur votre décision », ont ajouté les deux organisations.
Dans une lettre, datée du 30 juillet 2011 et adressée au président directeur général de la radio-télévision Mishapi Voice TV, le ministre provincial accuse Jacques Djasadjasa d’avoir tenu des « propos diffamatoires et injurieux à l’endroit des autorités en place ». Il lui reproche notamment d’avoir proféré « des injures », dans les émissions de la soirée du 29 juillet dernier, à l’encontre d’un ministre provincial « dont le comportement s’avère irréprochable ». Mais à aucun moment le ministre n’indique avec exactitude la teneur des propos incriminés ni le nom du ministre dont il estime qu’il a été diffamé.
Il semblerait même que le conseiller en communication du ministre provincial, Edgard Mahungu, ait l’intention de poursuivre en justice l’animateur en vertu de l’article 74 du code pénal sur les « imputations dommageables », ce qui l’exposerait au risque d’être condamné à une peine de prison et une lourde amende.
Dans le même courrier, le ministre provincial demande au PDG de Mishapi Voice TV « d’ouvrir, dès réception de la présente, une action disciplinaire à l’endroit du susdit animateur » avant d’ajouter « qu’il n’est plus permis à ce dernier de prester dans aucune des chaînes de la place jusqu’à nouvel ordre ».