L'enquête sur l'assassinat de l'entrepreneur des médias Jamim Shah ne doit négliger aucune piste, a affirmé RSF.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle les autorités népalaises à ne pas écarter le motif professionnel dans l’assassinat de Jamim Shah, fondateur et PDG de la chaîne satellite Channel Nepal et de l’opérateur de câble Space Time Network. « Personnage controversé, Jamim Shah aura sans nul doute contribué à écrire une page importante de l’histoire des médias du Népal, en permettant à de nombreux Népalais d’accéder aux télévisions du monde entier », a affirmé l’organisation.
« Si rien ne permet pour l’instant d’affirmer que Jamim Shah a été tué pour ses activités de patron de médias, son rôle pionnier dans le domaine de la télévision et du câble au Népal en a fait une personnalité influente. Il est urgent que les auteurs mais également les commanditaires de cet assassinat planifié soient identifiés, arrêtés et jugés », a affirmé l’organisation.
L’organisation salue la mobilisation de moyens policiers importants qui ont déjà permis l’interpellation de dix-huit personnes. Un porte-parole de la police a affirmé que toutes les voies de sortie de la capitale étaient contrôlées et que des dizaines d’agents ont été mobilisés pour obtenir des informations sur cette affaire.
Le 7 février 2010 en début d’après-midi, deux hommes circulant sur une moto immatriculée Ba 15 Pa 8733, ont assassiné Jamim Shah dans une artère importante de Katmandou. Ils ont réussi à prendre la fuite bien que le lieu du crime se situe à quelques centaines de mètres de plusieurs ambassades. Le patron de presse a été touché à la tête et à la poitrine, tandis que son chauffeur, Mathuraman Malakar, a été gravement blessé.
Interrogé par Reporters sans frontières, un journaliste qui a travaillé avec Jamin Shah a déclaré : « Il était humble et avait toujours souhaité maintenir un profil bas bien que son entreprise de presse soit très importante. »
Jamim Shah avait lancé les journaux « Space Time Dainik » et « Space Time Today », avant de devoir les fermer pour des raisons financières.
La Fédération des journalistes népalais (FNJ) a demandé l’arrestation des auteurs de ce meurtre, tandis que la Television Broadcasters Nepal, dont Jamim Shah était le président, a menacé le gouvernement d’une campagne si les mesures nécessaires n’étaient pas prises pour arrêter les coupables.
Des médias indiens ont relancé la polémique sur les connexions de Jamim Shah avec certains milieux mafieux du sous-continent, notamment Dawood Ibrahim, et les services secrets pakistanais. Issu d’une famille originaire du Cachemire, Jamim Shah a toujours nié ces accusations.