(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, José Lina, RSF a exprimé sa vive préoccupation après le meurtre de Candelario « Jun » Cayona, journaliste de la radio privée DXLL qui émet notamment à Zamboanga, dans la province de Mindanao (sud du pays). L’organisation de défense de la liberté de la presse a demandé […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, José Lina, RSF a exprimé sa vive préoccupation après le meurtre de Candelario « Jun » Cayona, journaliste de la radio privée DXLL qui émet notamment à Zamboanga, dans la province de Mindanao (sud du pays). L’organisation de défense de la liberté de la presse a demandé au ministre d' »intervenir afin que les services de sécurité identifient les auteurs et les commanditaires de cet assassinat. » RSF a souhaité être tenue au courant des avancées de l’enquête. « Le gouvernement se doit de montrer son autorité dans cette région du pays en luttant contre l’impunité dont jouissent les assassins de journalistes. D’autant plus que ce journaliste avait été menacé de mort par un haut officier de l’armée philippine il y a moins de huit mois », a ajouté Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
Selon les informations obtenues par RSF, Cayona, journaliste et présentateur du réseau de radio DXLL, a été tué, dans la matinée du 30 mai 2001, alors qu’il quittait son domicile sur sa motocyclette pour se rendre dans les bureaux de la radio à Zamboanga. Deux inconnus ont tiré cinq balles à bout portant, dont une à la tête. Cayona, âgé de 27 ans, a été tué sur le coup. La famille du journaliste a confirmé qu’il avait reçu des menaces de mort suite à certaines de ses émissions. Selon certains de ses collègues, le journaliste était menacé depuis qu’il avait diffusé, l’année dernière, une interview de l’un des chefs du groupe de rebelles musulmans Abu Sayyaf. Cette diffusion, en pleine crise des otages de Jolo, avait provoqué la colère des autorités, et notamment de l’armée. Le colonel Jovenal Narcise, commandant des forces opérationnelles à Zamboanga, avait déclaré, le 17 septembre 2000, au journaliste : « Si j’appends que tu interviewes Sabaya [porte-parole d’Abu Sayyaf] de nouveau, je te tue ». Depuis lors, Cayona avait obtenu à plusieurs reprises des entretiens avec des responsables d’Abu Sayyaf qui depuis le 27 mai retiennent de nouveau en otage un groupe de touristes occidentaux dans le sud du pays.
La police a ouvert une enquête sur l’assassinat du journaliste, mais affirme ne disposer d’aucune piste sérieuse.
Cet assassinat intervient alors que le gouvernement a annoncé, le 29 mai, avoir imposé un « black out » médiatique sur le conflit qui l’oppose aux rebelles Abu Sayyaf sur des îles du sud-ouest du pays, dont Jolo.
Deux autres journalistes radio ont été assassinés sur l’île de Mindanao aux cours des six derniers mois. Le 24 février, Mohammad Yusop, présentateur de la station RXID du réseau Islamic Radio Broadcasting, a été assassiné, d’une balle dans la tête à Pagadian (consulter l’alerte de l’IFEX du 28 février 2001). Le 17 novembre 2000, Olimpio Jalapit, animateur de la radio privée DXPR avait également été assassiné dans cette ville. La police n’a toujours pas arrêté de suspects, notamment un ancien militaire, identifié par l’un des témoins (consulter l’alerte de l’IFEX du 20 novembre 2000).
Enfin, depuis la chute du régime autoritaire de Ferdinand Marcos, en 1986, Cayona est le troisième journaliste assassiné dans la ville de Zamboanga. En 1993, des hommes armés avaient assassiné le présentateur d’une radio chrétienne dans les locaux de la station. En 1998, deux individus avaient abattu Rey Bancairin, un journaliste de DXLL, dans le studio d’enregistrement de la radio (consulter l’alerte de l’IFEX du 31 mars 1998).
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