(OLPEC/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), dont l’OLPEC est membre: Tunis le 2 mars 2006 Rassemblement de soutien à Mohamed Abbou devant la prison du Kef interdit par la force Violation de la liberté de circulation A l’appel de 9 ONG de la société civile tunisienne, un […]
(OLPEC/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué du Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT), dont l’OLPEC est membre:
Tunis le 2 mars 2006
Rassemblement de soutien à Mohamed Abbou devant la prison du Kef interdit par la force
Violation de la liberté de circulation
A l’appel de 9 ONG de la société civile tunisienne, un rassemblement pacifique a été prévu aujourd’hui 2 mars devant la prison du Kef où est encore incarcéré depuis le 1er mars 2005 l’avocat et défenseur de droits humains Mohamed Abbou.
Cette action avait pour but de demander la libération de cette éminente figure du barreau tunisien qui a été condamné en juin 2005 à une peine de 3 ans et demi de prison ferme à l’issue d’une mascarade de procès où la Cour avait refusé d’entendre l’accusé, ni les témoins à décharge après avoir expulsé de l’audience les avocats qui n’ont pu plaider. Les charges retenues contre Mohamed Abou relèvent du délit d’opinion puisqu’il lui est reproché d’avoir publié une tribune sur le net qui a déplu aux autorités.
La société civile tunisienne est encore émue par cette détention arbitraire et considère Mohamed Abbou comme un otage politique dont le maintien en prison est synonyme de la confiscation de la liberté de parole, des dysfonctionnements graves de la justice et des persécutions ciblant les défenseurs de droits humains qui se dressent contre ce monopole de la vie publique et tentent de défendre les libertés fondamentales garanties par la constitution tunisienne.
Cette action a été une occasion supplémentaire pour les représentants de la société civile de vérifier que non seulement la liberté d’expression et de réunion étaient violées, mais également la liberté de circulation. En effet toutes les routes menant à cette ville du Nord-ouest de la Tunisie (270 km de Tunis) ont été bloquées par les agents de la garde nationale épaulés par des agents de la police politique qui repéraient les voitures des militants et de nombreux représentants de la société civile ont été arrêtés et sommés de rebrousser chemin (Samir Ben Amor et d’autres.)
Seule Samia Abbou, dont c’était le jour de visite à son mari et les militants qui résident au Kef (maître Néjib Hosni et le pr Abdelkader Ben Khemiss) et Jendouba (maîtres Hédi Manai et Said Méchichi) ont réussi à se rassembler devant la prison et auxquels se sont mêlés des citoyens. Lorsque Samia a brandi un poster demandant la libération de Abbou, elle a été prise à partie par des agents en civil qui étaient massés devant la prison. « Désormais, je refuse de voir mon mari derrière les barreaux, mes enfants pleurent chaque fois que l’on doit visiter leur père. Je viendrai chaque jeudi devant la porte de la prison du Kef avec cette affiche jusqu’à ce qu’il sorte », a-t-elle déclaré devant les agents en civil qui la malmenaient.
La voiture de maître Raouf Ayadi avec Ali Ben Salem et Omar Mestiri a été immobilisée sur l’autoroute de medjez El Bab depuis 9 heures du matin jusqu’à 21.00 après que les papiers de la voiture aient été confisqués. La nuit, un important dispositif policier en tenue et en civil (six voitures et un camion) a finalement escorté de force les occupants de la voiture auxquels s’étaient joints Samia Abbou et Maitre Abderrazak kilani jusqu’au district de la Manouba (banlieue de Tunis) en refusant de restituer les papiers.
Le CNLT exprime son indignation face à ces procédés de voyous auxquels se livrent des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.
Il assure Samia Abbou de son entière solidarité et s’engage à être à ses côtés dans son combat jusqu’à la libération de Mohamed Abbou.
Il s’élève contre cette interdiction illégale et arbitraire de circuler librement dans le pays en violation des lois tunisiennes et des instruments internationaux.
Pour le Conseil
La porte-parole
Sihem Bensedrine