(JED/IFEX) – Augustin Kikukama, secrétaire général du Mouvement de Libération du 17 mai (M-17), parti proche du pouvoir à Kinshasa et constitué d’anciens compagnons de feu le président de Laurent-Désiré Kabila, a proféré, le 22 septembre 2003 par téléphone, des menaces de mort à l’endroit de André Ipakala Abeiye Mobiko, directeur du quotidien « La Référence […]
(JED/IFEX) – Augustin Kikukama, secrétaire général du Mouvement de Libération du 17 mai (M-17), parti proche du pouvoir à Kinshasa et constitué d’anciens compagnons de feu le président de Laurent-Désiré Kabila, a proféré, le 22 septembre 2003 par téléphone, des menaces de mort à l’endroit de André Ipakala Abeiye Mobiko, directeur du quotidien « La Référence Plus », paraissant à Kinshasa.
Selon les informations publiées par le quotidien « La Référence Plus » dans son édition N° 2878 du 23 septembre et confirmées à JED par Ipakala, le 22 septembre à 10h20 (heure locale), le directeur de « La Référence Plus » a reçu sur son portable un appel de quelqu’un qui lui a dit : « Je m’identifie, je suis Augustin Kikukama. Vous m’avez déclaré la guerre. Vous allez vous retrouver à Mbenseke (Ndlr : un des cimetières de Kinshasa) dans deux semaines et je vais liquider votre journal ». À la question de connaître le pourquoi de ces menaces graves, l’interlocuteur du journaliste aurait répondu qu’il reprochait au journal « d’avoir publié un article sur le M-17 de Me Célestin Luanghy » qui dirige une dissidence du M-17. Selon Kikukama, le M-17 est une marque déposée et personne d’autre que lui n’a le droit de parler d’en usurper l’usage.
Par ailleurs, dans une lettre datée du 20 septembre que Kikukama a adressée « aux responsables des médias audiovisuels et presse écrite de Kinshasa » et dont une copie a été déposée par ses soins au journal « La Référence Plus », il dit : « . . . En conclusion, toute déclaration émanant de Monsieur Luanghy et son groupe au nom de notre Mouvement et répercuté par vos organes sera interprété par nous comme une sorte de solidarité avec le faussaire. Nous serons donc dans l’obligation de poursuivre en justice tout organe qui ne ferait pas respecter la légalité ».
Dans une lettre adressée, le 26 septembre, à Kikukama, JED a dit prendre très au sérieux les menaces de mort et de liquidation adressées à Ipakala et à « La Référence Plus » eu égard au climat d’insécurité généralisée qui caractérise la ville de Kinshasa depuis quelques mois. JED a ajouté qu’elle tiendra Kikukama pour responsable de tout ce qui arriverait de fâcheux à Ipakala, à son journal et à toute autre personne de cet organe de presse. JED a, en outre, demandé au procureur général de la République, à qui une copie de la lettre a été réservée, d’ouvrir une information judiciaire sur cette grave affaire qui n’honore pas un pays dit démocratique et la classe politique congolaise.
Concernant les justifications des menaces proférées à l’endroit du journaliste, JED a rappelé à Kikukama que les médias n’ont pas pour rôle de « faire respecter la légalité » comme il le leur demande. Si c’était le cas, aucun média au monde ne parlerait des rebellions, par exemple. Le rôle des médias, a ajouté JED, c’est de rechercher les évènements à même d’intéresser leur public et partant de faire avancer le débat démocratique dans le pays. Pour JED, la scission qui secoue le M-17 et qui n’est pas une particularité de ce parti politique est un événement à même d’intéresser le public et par conséquent représente un intérêt pour la presse. Demander à celle-ci de ne pas traiter de cette information est une hérésie qui porte atteinte à la liberté d’informer pour les médias et d’être informé pour le public. JED a conclu qu’en accordant la parole à la dissidence du M-17, « La Référence Plus » a fait preuve de professionnalisme et le M-17 qui se dit mouvement de « libération » ne devait pas en être offusqué.