(RSF/IFEX) – Le 27 août 2002, Boulama Ligari, journaliste de la station privée Radio Anfani, a été interpellé par la gendarmerie de Diffa (1 500 km à l’est de Niamey). Aucune explication n’a été fournie par les autorités mais, selon plusieurs sources locales, le journaliste aurait été arrêté en raison des reportages qu’il avait réalisés […]
(RSF/IFEX) – Le 27 août 2002, Boulama Ligari, journaliste de la station privée Radio Anfani, a été interpellé par la gendarmerie de Diffa (1 500 km à l’est de Niamey). Aucune explication n’a été fournie par les autorités mais, selon plusieurs sources locales, le journaliste aurait été arrêté en raison des reportages qu’il avait réalisés sur une mutinerie de soldats dans cette ville, au début du mois d’août. Depuis plusieurs heures, des gendarmes sont également postés devant les locaux de la station à Diffa, sans empêcher Radio Anfani d’émettre.
« A notre connaissance, ce journaliste n’a fait que son travail. Les autorités doivent cesser de s’en prendre aux journalistes qui ont couvert cette mutinerie », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans un courrier adressé au Premier ministre, Hama Amadou. « Les professionnels de la presse ne sont pas des auxiliaires de police et ils n’ont pas à fournir des renseignements à la gendarmerie quand elle enquête sur des événements politiques », a ajouté Ménard. L’organisation a demandé au chef du gouvernement de tout mettre en oeuvre afin que Ligari soit libéré immédiatement. RSF a rappelé que le Niger a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui garantit la liberté d’expression.
Déjà, le 23 août, Moussa Kaka, correspondant local de Radio France Internationale (RFI) et de RSF, et directeur de la station privée Radio Saraounia, avait été interpellé pendant près de dix heures par le Haut Commandement de la gendarmerie nationale de Niamey. Le journaliste avait été interrogé sur ses sources d’informations concernant ses reportages sur la mutinerie.
Au début du mois d’août, suite à cette mutinerie, le président de la République avait déclaré l’état de mise en garde et pris des dispositions restreignant la liberté de la presse et d’expression (consulter l’alerte de l’IFEX du 7 août 2002). Un décret avait interdit « la propagation, par tout moyen de communication, d’informations ou d’allégations de nature à mettre en cause les opérations de défense nationale ». Les autorités avaient menacé de prendre des sanctions contre les journalistes qui ne respecteraient pas ces nouvelles mesures.
RSF a également rappelé qu’un autre journaliste est détenu à la prison civile de Niamey depuis le 18 juin. Adoulaye Tiémogo, directeur de publication du « Canard déchaîné », a été condamné à une peine de huit mois de prison pour diffamation (consulter des alertes de l’IFEX du 4 juillet et 20 juin 2002). Le Premier ministre Amadou avait porté plainte contre le journaliste après la publication de trois articles très critiques dans le « Canard déchaîné ». Le journaliste y accusait le chef du gouvernement de vouloir corrompre le président de l’Assemblée nationale pour conserver son fauteuil de Premier ministre.