(RSF/IFEX) – Depuis le 24 avril 2003, le site Internet d’informations http://www.tajikistantimes.ru est indisponible au Tadjikistan. Lancé le 1er mars par le journaliste d’opposition, Dododjon Atovulloev, le site publie, depuis l’étranger, des informations indépendantes très critiques des autorités. RSF craint que le site Internet n’ait été bloqué volontairement par les autorités en raison de son […]
(RSF/IFEX) – Depuis le 24 avril 2003, le site Internet d’informations http://www.tajikistantimes.ru est indisponible au Tadjikistan. Lancé le 1er mars par le journaliste d’opposition, Dododjon Atovulloev, le site publie, depuis l’étranger, des informations indépendantes très critiques des autorités. RSF craint que le site Internet n’ait été bloqué volontairement par les autorités en raison de son contenu.
« Compte tenu des poursuites et des pressions dont fait l’objet Dododjon Atovulloev depuis plusieurs années en raison de ses publications, et les freins qui sont mis par les autorités au développement des médias indépendants, nous avons toutes les raisons de croire que Tajikistantimes.ru est volontairement bloqué au Tadjikistan, c’est-à-dire censuré, pour que les internautes tadjiks n’accèdent pas librement à des informations critiques », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF, dans un courrier adressé au président Imamali Rahmanov. « Nous vous demandons de faire tout ce qui est possible afin que ce site Internet soit à nouveau accessible et que les médias indépendants puissent enfin se développer sans entraves », a-t-il ajouté.
Selon Atovulloev, « la raison principale pour laquelle le site a été bloqué est que les autorités considèrent toute dissidence comme un délit. Tajikistantimes.ru est le seul site Internet qui ose critiquer le Président, le gouvernement et le Parlement, et dit ce que la presse locale tait ». De nombreux articles citent des analyses de leaders de partis politiques et d’experts sur le référendum constitutionnel prévu le 22 juin qui, selon de nombreux observateurs, vise à prolonger le mandat du président Rahmanov. Selon la radio britannique BBC et la radio allemande Deustche Welle, le site serait bloqué par le ministère de la Sécurité nationale.
Le 5 juillet 2001, Dododjon Atovulloev avait été arrêté à l’aéroport Cheremetievo 2 à Moscou. Alors rédacteur en chef du journal indépendant « Tcharogy Ruz », il séjournait depuis quelques mois en Europe, avait quitté Hambourg (Allemagne) en milieu de journée et était en transit à l’aéroport de Moscou pour un vol vers Tachkent (Ouzbékistan) où il devait assister à une réunion. Une demande d’extradition avait été déposée en avril 2001 par les autorités tadjikes auprès du gouvernement russe, sous les chefs d’accusation de « diffamation contre la personne du président de la République » et « incitation à la haine nationale, raciale et religieuse ». Le journaliste se serait surtout attiré la haine tenace de plusieurs hauts responsables tadjiks, dont le maire de Douchanbé. Il avait reçu des menaces avant son arrivée en Russie, et plusieurs membres de sa famille restés au Tadjikistan avaient été arrêtés puis relâchés après quinze jours de détention. Grâce à l’intervention auprès des autorités russes de plusieurs gouvernements et organisations de défense des droits de l’homme, le journaliste n’avait pas été extradé et avait recouvré sa liberté quelques jours plus tard (consulter des alertes de l’IFEX du 1er août et 26 juin 2002, 13 et 9 juillet 2001).