(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières a écrit, le 24 mai 2006, au ministre de la justice polonais, M. Zbigniew Ziobro, pour l’alerter sur les graves menaces proférées contre des journalistes polonais par Redwatch, une organisation internationale d’extrême droite qui prône la violence. Le site de Redwatch-Pologne ( http://www.redwatch.info/sites/redwatch.htm ) a diffusé une liste d’au moins […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières a écrit, le 24 mai 2006, au ministre de la justice polonais, M. Zbigniew Ziobro, pour l’alerter sur les graves menaces proférées contre des journalistes polonais par Redwatch, une organisation internationale d’extrême droite qui prône la violence. Le site de Redwatch-Pologne ( http://www.redwatch.info/sites/redwatch.htm ) a diffusé une liste d’au moins quinze journalistes de gauche et d’extrême gauche directement menacés de représailles pour leurs opinions antifascistes. Sur son site Internet, cette organisation, principalement basée en Grande-Bretagne, encourage ses membres à agresser des militants des droits de l’homme, des hommes politiques, des journalistes ou des étudiants, en publiant leurs photos, noms, prénoms et adresses.
Le 16 mai, un activiste des droits de l’homme a échappé de peu à une tentative d’assassinat, dans une rue de Varsovie. Ses agresseurs l’ont frappé, aspergé de gaz lacrymogène et poignardé avant de s’enfuir. La lame du couteau de l’agresseur est passée à quelques centimètres du coeur et la victime se trouve aujourd’hui à l’hôpital, dans un état grave. Elle était classée numéro deux sur la liste des « ennemis » publiée sur le site Internet de Redwatch-Pologne. Ce site émane d’une autre organisation néo-fasciste polonaise, Sang et Honneur ( http://www.bhpoland.org/strona/pl ).
Contactée par Reporters sans frontières, la procureur chargée de l’affaire, Elzbieta Janicka, a déclaré que l’enquête sur les publications du site Redwatch-Pologne était bloquée car le site est hébergé aux Etats-Unis. Elle a ajouté que le parquet de Varsovie avait demandé des informations aux autorités américaines compétentes, sans savoir exactement si cette demande était bien arrivée à ses destinataires. Interrogée sur les pistes explorées par la police, notamment celles des organisations fascistes polonaises, la procureur a affirmé: « L’enquête suit son cours ».
Reporters sans frontières a envoyé au ministre de la Justice la liste des quinze journalistes menacés, qui préfèrent que leurs noms ne soient pas exposés publiquement pour des raisons de sécurité. L’organisation a exprimé son inquiétude en précisant qu’elle prenait très au sérieux ces menaces, souvent suivis d’un passage à l’acte, et son étonnement sur les incertitudes de la procureur. Reporters sans frontières a demandé au ministre de la Justice de tout mettre en oeuvre pour que leurs auteurs soient identifiés et jugés, et de prendre au sérieux la thèse des groupes d’extrême droite basés en Pologne auprès de la procureur chargée de l’affaire. Redwatch-Pologne possède effectivement des liens avec une autre organisation néo-fasciste polonaise, « Sang et Honneur ». Leurs idées sont proches d’autres groupes comme « Jeunesse de la grande Pologne », qui appartient à la « Ligue des familles polonaises » (LPR), membre de la coalition gouvernementale au pouvoir.
Redwtach-Pologne vise la presse de gauche et de d’extrême gauche, et défendant la cause homosexuelle. Les journalistes visés appartiennent aux médias suivants: le site Internet http://www.indymedia.pl, le mensuel « Pracownicza Demokracja », la revue « Nigdy Wiecej », le site http://www.gaylife.pl, le mensuel « Dzis », l’édition polonaise du mensuel français « Le Monde Diplomatique », la revue « Krytyka Polityczna », le mensuel « Nowy Robotnik », le site d’information http://www.innastrona.pl, la revue trimestrielle « Zadra », Radio Koszalin et le site: http://www.lbc.z.pl .
Certains journalistes visés ont déclaré à Reporters sans frontières qu’ils étaient sceptiques quant aux efforts faits par la police pour retrouver les auteurs des menaces, ajoutant qu’ils n’avaient pas été contactés dans le cadre de l’enquête.