(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières souhaite obtenir des explications sur la multiplication des incarcérations de journalistes pour « offense au chef de l’État. » L’organisation demande la libération immédiate de Pape Amadou Gaye, directeur de publication du quotidien privé « Le Courrier du jour », arrêté le 1er novembre 2007 à Dakar par des policiers de la Division des […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières souhaite obtenir des explications sur la multiplication des incarcérations de journalistes pour « offense au chef de l’État. » L’organisation demande la libération immédiate de Pape Amadou Gaye, directeur de publication du quotidien privé « Le Courrier du jour », arrêté le 1er novembre 2007 à Dakar par des policiers de la Division des investigations criminelles (DIC), puis inculpé et écroué le 6 novembre 2007 pour « acte de nature à entraîner la désobéissance de l’armée ».
« Le gouvernement s’obstine à refuser de moderniser sa législation sur la presse et à construire des relations pacifiées avec les médias, mais les autorités sénégalaises n’étaient pas habituées à des traquenards policiers et à l’incarcération de journalistes en série. Cette dérive est incompréhensible et ne constitue absolument pas une réponse à d’éventuels problèmes que peut poser la presse. Cette forme de répression doit cesser et les autorités doivent fournir des explications sur cette agressivité envers les petits journaux privés », a déclaré l’organisation.
Le 1er novembre 2007 vers 19h00 (heure locale), un homme s’est présenté dans les locaux du « Courrier du jour », dans la banlieue dakaroise dite des « Parcelles assainies », demandant à voir le directeur de publication. L’homme a été rejoint par quatre agents de la Division des investigations criminelles (DIC, brigade criminelle) qui ont menotté Pape Amadou Gaye et lui ont signifié qu’ils avaient pour instruction de le placer en état d’arrestation. Le directeur du « Courrier du jour » a été conduit dans les locaux de la DIC et son journal a été fermé jusqu’à nouvel ordre.
Le 6 novembre 2007, Pape Amadou Gaye a été « inculpé et placé sous mandat de dépôt pour offense au chef de l’État, acte de nature à porter atteinte à la sûreté de l’État, et acte de nature à entraîner la désobéissance de l’armée », a expliqué Me Clédor Ciré Ly, son avocat, à l’Agence France-Presse. Selon ce dernier, cette inculpation pourrait entraîner un procès en assises. Cette inculpation survient après la publication d’un article critique envers le gouvernement sur la hausse des prix et des problèmes dans le monde rural. Le journaliste estimait notamment que « l’armée est le seul secteur qui pourrait rectifier le tir des autorités (…) et pourrait contraindre le pouvoir en place à se ressaisir et à accomplir sa mission régalienne ».
Pape Amadou Gaye est le troisième journaliste arrêté au Sénégal en moins d’un mois. Le 8 octobre, Moussa Guèye, directeur de publication du quotidien privé « L’Exclusif », a été arrêté par des agents de la DIC et inculpé d' »offense au chef de l’Etat » et « diffusion de fausses nouvelles » pour avoir évoqué des « escapades nocturnes » du président Abdoulaye Wade (consulter les alertes de l’IFEX des 16 et 11 octobre 2007). Un employé du journal, Pape Moussa Doukar, a été arrêté par la suite, à une date non précisée, après que la police eut découvert que le journal avait été enregistré sous son nom. « L’Exclusif » et « Le Courrier du jour », dont les sièges sont dans la banlieue de Dakar, sont des publications à audience limitée.
Moussa Guèye et Pape Moussa Doukar doivent être entendus sur le fond du dossier par le juge d’instruction les 6 et 7 novembre.