(CPJ/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du CPJ daté du 22 mai 2008: Trois journalistes sénégalais condamnés pour diffamation en une semaine New York, le 22 mai 2008 – Suivant la condamnation mardi dernier d’un journaliste sénégalais à une peine de prison avec sursis pour « publication de fausses nouvelles », selon la presse locale et […]
(CPJ/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse du CPJ daté du 22 mai 2008:
Trois journalistes sénégalais condamnés pour diffamation en une semaine
New York, le 22 mai 2008 – Suivant la condamnation mardi dernier d’un journaliste sénégalais à une peine de prison avec sursis pour « publication de fausses nouvelles », selon la presse locale et son avocat, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a réitéré encore une fois aujourd’hui son appel aux autorités sénégalaises pour un arrêt des poursuites pénales en diffamation contre la presse.
Papa Moussa Guèye, directeur du quotidien privé L’Exclusif, basé dans la ville de Rufisque située à environ 38 kilomètres à l’est de Dakar, est le troisième journaliste sénégalais condamné à six mois de prison avec sursis en une semaine, selon des recherches du CPJ. Il convient de rappeler que M. Guèye avait passé quatre semaines en prison l’année dernière et que son journal avait été fermé par la police suite à la publication d’un article alléguant des « escapades » nocturnes du président sénégalais.
S’adressant au CPJ aujourd’hui, M. Guèye a déclaré qu’il regrette avoir utilisé le mot « escapades » pour décrire les présumées sorties discrètes du président Abdoulaye Wade et son chef de cabinet, mais a cependant soutenu les révélations de son article. L’article, entre autres, s’interrogeait sur les destinations des sorties et les tractations dans les coulisses du palais présidentiel. Le président Wade n’a jamais réagi officiellement à ces allégations.
M. Guèye a dit qu’il n’envisage pas de faire appel contre ce verdict car il estime que des pressions politiques pèsent sur les tribunaux.
Dans son jugement, le tribunal correctionnel de la capitale sénégalaise, Dakar, a pourtant rejeté plusieurs poursuites pénales graves formulées contre M. Guèye en vertu du code pénal du Sénégal, notamment l' »offense au chef de l’Etat » et les « actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à causer de graves troubles politiques ». Cette dernière se rapporte à une fameuse disposition de sécurité nationale, connue sous le nom de l’Article 80, a dit au CPJ l’avocat de la défense, Cheikh Tidiane Faye. Le tribunal a acquitté le journaliste Pape Moussa Doukar, l’auteur de l’article, a-t-il déclaré.
« L’utilisation de lois pénales contre Papa Moussa Guèye et d’autres journalistes indépendants pousse la presse à l’autocensure, a déclaré Tom Rhodes, le directeur de la section Afrique du CPJ. Il est temps que le président Wade honore son engagement à la réforme juridique en accord ave l’image du Sénégal comme un pays démocratique ».
La décision de mardi est survenue une semaine après que Jules Diop et Serigne Saliou Samb, respectivement directeur de publication et rédacteur en chef du quotidien L’Observateur, ont été condamnés à six mois de prison avec sursis et à de lourdes dommages et intérêts suivant un article critique.
Les autorités sénégalaises n’ont pas dépénalisé la diffamation bien que le président Abdoulaye Wade ait appelé en 2004 tous les acteurs de la presse locale à soumettre des propositions de réforme, selon des recherches du CPJ. Le gouvernement n’a toujours pas réagi aux propositions, et en novembre dernier, le CPJ a écrit au président Wade pour lui demander de mettre en oeuvre son initiative de 2004.
Le Comité pour la protection des journalistes ( http://www.cpj.org ), une organisation indépendante, à but non lucratif basée à New York oeuvre à préserver la liberté de presse partout dans le monde depuis 1981.
Mise à jour du cas Guèye: http://ifex.org/fr/content/view/full/87599