(RSF/IFEX) – RSF s’insurge contre le « harcèlement continu » dont sont victimes les journalistes tchadiens indépendants, après la condamnation à six mois de prison du directeur de l’hebdomadaire « Le Temps », Michaël Didama, et le procès intenté à la directrice de publication de « L’Observateur », Sy Koumbo Singa Gali. « Nous sommes effarés de voir les journalistes qui déplaisent […]
(RSF/IFEX) – RSF s’insurge contre le « harcèlement continu » dont sont victimes les journalistes tchadiens indépendants, après la condamnation à six mois de prison du directeur de l’hebdomadaire « Le Temps », Michaël Didama, et le procès intenté à la directrice de publication de « L’Observateur », Sy Koumbo Singa Gali.
« Nous sommes effarés de voir les journalistes qui déplaisent au régime prendre, un à un, le chemin de la maison d’arrêt », a déclaré RSF. « Le gouvernement tchadien, bien qu’il se dise attaché à l’ordre public, est responsable d’une grave détérioration de la liberté de la presse. Le président Idriss Déby devrait comprendre qu’il a engagé son pays sur une voie dangereuse en frappant la presse. Pour apaiser les maux qui déstabilisent le pays, les journalistes emprisonnés doivent être libérés et les procès en cours abandonnés ».
Le 8 août 2005, Didama a été condamné à six mois de prison ferme et 200 000 francs CFA d’amende (environ 376 $US ; 305 euros) pour « diffamation », « publication d’informations mensongères » et « incitation à la haine tribale ». Il était poursuivi pour avoir publié un reportage sur un mouvement rebelle actif dans l’est du pays, ainsi que des photographies du site d’Al Whida, le journal de l’opposition armée. Arrêté une première fois le 22 juin, il avait été relâché pour « vice de forme » le 11 juillet. Une nouvelle procédure ayant été lancée par le gouvernement, le journaliste avait de nouveau comparu le 18 juillet. Il a été écroué à l’issue de l’audience.
Le même jour Singa Gali a comparu devant la chambre correctionnelle du tribunal de première instance de N’Djamena. Le procureur de la République lui reproche la publication, dans l’édition du 13 juillet de « L’Observateur », d’une interview du journaliste indépendant Garondé Djarma, actuellement emprisonné pour trois ans. Dans le texte, celui-ci affirme que son arrestation est une « machination des Djandjawid », expression par laquelle il qualifiait les Arabes tchadiens du Conseil démocratique révolutionnaire (CDR). Le verdict doit être prononcé le 15 août.
Didama est le troisième journaliste emprisonné au Tchad cette année. Le 18 juillet, Samory Ngaradoubmé, coordinateur, et Djarma, journaliste indépendant et chroniqueur de « L’Observateur », ont été condamnés respectivement à trois mois et trois ans de prison ferme.