(RSF/IFEX) – « Nous sommes choqués par cet acte odieux qui vise clairement à empêcher la sortie d’une publication dont la une est consacrée à Andriy Iouchtchenko, le fils du Président. Personne ne peut se placer au-dessus des lois et tenter ainsi de faire pression sur un média. Nous rappelons au président Viktor Iouchtchenko ses engagements […]
(RSF/IFEX) – « Nous sommes choqués par cet acte odieux qui vise clairement à empêcher la sortie d’une publication dont la une est consacrée à Andriy Iouchtchenko, le fils du Président. Personne ne peut se placer au-dessus des lois et tenter ainsi de faire pression sur un média. Nous rappelons au président Viktor Iouchtchenko ses engagements en matière de liberté de la presse, faisant de l’abolition de la censure le fer de lance de la révolution orange. Nous lui demandons donc de prendre des mesures énergiques afin que soient identifiés et sanctionnés au plus vite les auteurs de cet attentat », a déclaré RSF.
Le 30 septembre 2005, à 3h00 du matin (heure locale), plusieurs inconnus ont brisé les vitres de la voiture de Walid Harfouch, directeur général du mensuel en ukrainien « Paparazzi » (62 000 exemplaires), devant le domicile du journaliste situé dans le centre de Kiev, à deux pas du bâtiment présidentiel. Ils y ont lancé une bombe artisanale qui a endommagé le véhicule. Des policiers sont immédiatement intervenus sur les lieux.
Le 22 septembre, l’hebdomadaire anglophone « Kiev Post » avait publié la prochaine une de « Paparazzi » consacrée aux vacances du fils du Président en Turquie et dont la sortie était prévue le 30 septembre. La direction du journal avait reçu dès le lendemain des pressions officielles verbales, mais avait décidé de maintenir la sortie de « Paparazzi ».
« Notre journal devait sortir ce soir, tout était prêt. Cet attentat vise clairement à nous intimider et à empêcher la publication de « Paparazzi ». Je suis rentré hier soir vers 23 heures et j’avais l’impression d’être suivi. Tout était manifestement bien préparé », a précisé Walid Harfouch à RSF. Le journaliste est actuellement entendu par la police.
La une du magazine était intitulée : « Comment le tsarévitch passe ses vacances ». Elle présentait Andriy Iouchtchenko dans une pose suggestive en compagnie de sa petite amie.
Omar Harfouch, directeur de publication du magazine, avait déjà subi des mesures d’intimidation, à la suite de la publication le 14 février dernier de photos d’Andriy Iouchtchenko. Un mois plus tard, le fils du Président avait personnellement menacé Omar Harfouch, qui dînait dans un restaurant de Kiev, devant de nombreux témoins. Andriy Iouchtchenko était accompagné de gardes du corps qui montraient leurs armes de façon ostensible.
« L’administration présidentielle a tout fait pour me rassurer le lendemain de ces incidents. Mais à ce moment-là, j’ai pris la décision de quitter Kiev », a précisé Omar Harfouch.
Andriy Iouchtchenko avait défrayé la chronique cet été, la presse relatant son train de vie fastueux et le surnommant le « fils de Dieu », ce qui avait provoqué l’ire du Président à l’encontre des médias. « Agissez comme un journaliste bien élevé et non comme un tueur à gages », avait-t-il déclaré, le 28 juillet, à un journaliste qui lui posait des questions sur son fils aîné, lors d’une conférence de presse. Viktor Iouchtchenko avait ensuite calmé le jeu en présentant ses excuses au journaliste.