De graves incidents à Lubumbashi ont abouti à la mise à sac d’une chaine privée de télévision et à l’agression de journalistes dont deux ont été grièvement blessés.
(JED/IFEX) – Le 15 juin 2011 – Journaliste en danger (JED) exprime ses très vives préoccupations à la suite des graves incidents intervenu, mercredi 15 juin 2011 au matin, à Lubumbashi, chef lieu de la province du Katanga, au sud-est de la RDC, et qui ont abouti à la mise à sac d’une chaine privée de télévision et à l’agression de journalistes dont deux ont été grièvement blessés.
Selon les informations recoupées par JED, la « Radio Télévision Lubumbashi JUA » (JUA TV), une chaine privée propriété de M. Jean-Claude Muyambo, ancien ministre et membre de la mouvance politique du président Joseph Kabila, a été saccagée et partiellement incendiée par un groupe de miliciens communément appelé « 100% », et qui se recrutent parmi les plus grands fanatiques de l’équipe de football de TP Mazembe dont le gouverneur de province M. Moïse Katumbi est le président.
Cette attaque est intervenue en représailles à la diffusion, mardi 14 juin 2011 sur plusieurs chaines de télévisions lushoises d’une interview de M. Muyambo critiquant violemment la gestion de M. Katumbi, un autre membre de la mouvance présidentielle.
Un journaliste local, Lucien Kahozi contacté par JED et qui avait assisté à la réalisation de cette interview par le journaliste belge Thierry Michel qui prépare un film documentaire sur le mandat de M. Katumbi, a dit que la cassette de cette interview a été subtilisée et remise au gouverneur à l’insu du réalisateur. Depuis cette diffusion, Kahozi lui-même s’est refugié à la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo (MONUSCO) à la suite de plusieurs appels de menaces l’accusant de complicité dans l’action contre le gouverneur.
Contacté également par JED, M. Muyambo a dénoncé cette attaque qui, selon lui, a été orchestrée par le gouverneur Moïse Katumbi, et a duré près de deux heures sans que des éléments de la police présents sur les lieux ne se décident à intervenir.
JED dénonce ces violences qui préludent d’un climat d’insécurité pour les journalistes à quelques mois des élections annoncées.
JED demande surtout aux autorités et aux responsables politiques au niveau local et national de mettre fin immédiatement à l’instrumentalisation de leurs médias respectifs dans leur conflit de leadership.
JED lance aussi un appel pressant à tous les journalistes œuvrant au Katanga à faire preuve de la plus grande retenue, en évitant tout acte de nature à attiser les tensions politiques et inter communautaires dans une province qui a déjà connu des drames humains fondés sur les divisions ethniques et les querelles politiciennes.