(RSF/IFEX) – Alors que Toujane el-Fayçal est actuellement jugée par la Cour de sûreté de l’Etat à Amman, RSF proteste contre sa détention et s’inquiète des lourdes charges qui pèsent sur elle. « Il est inadmissible que Toujane el-Fayçal risque la prison pour avoir simplement exprimé son opinion sur Internet. Nous vous demandons l’annulation de toutes […]
(RSF/IFEX) – Alors que Toujane el-Fayçal est actuellement jugée par la Cour de sûreté de l’Etat à Amman, RSF proteste contre sa détention et s’inquiète des lourdes charges qui pèsent sur elle. « Il est inadmissible que Toujane el-Fayçal risque la prison pour avoir simplement exprimé son opinion sur Internet. Nous vous demandons l’annulation de toutes les poursuites à son encontre ainsi que sa libération immédiate », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation, dans une lettre adressée à Farès Naboulsi, ministre de la Justice. « Après la presse écrite, les autorités s’attaquent désormais à l’information sur Internet », a-t-il ajouté. RSF rappelle que, depuis le début de cette année, trois journalistes ont été arrêtés et deux hebdomadaires ont été censurés dans ce pays.
Ancienne journaliste de la télévision jordanienne et première femme députée, el-Fayçal est poursuivie pour propagation d’informations en Jordanie et à l’étranger portant atteinte « à la réputation de l’État et de ses responsables » et incitant « à des crimes et à des troubles ».
Dans une lettre ouverte publiée le 6 mars 2002 sur le site Internet du journal « Arab Times » (www.arabtimes.com), basé à Houston, Texas (États-Unis), el-Fayçal avait accusé le Premier ministre, Ali Abou Ragheb, de « profiter financièrement » de la décision de doubler les tarifs d’assurance des voitures. Le 16 mars, elle avait été arrêtée pour « atteinte à la réputation de l’État ». Libérée sous caution le 27 mars, sur ordre du procureur de la cour de sûreté de l’Etat, elle avait été de nouveau interpellée deux jours plus tard, à la veille d’une conférence de presse qu’elle s’apprêtait à tenir à son domicile.
El-Fayçal est également accusée d’avoir diffamé l’autorité judiciaire en dénonçant, lors d’une interview sur la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira, la corruption de la justice jordanienne. Elle est passible de peines allant de « six mois à trois ans de prison ».
Au cours de son réquisitoire, le 13 mai, le procureur de la Cour de sûreté de l’Etat, le colonel Mohannad Hijazi, a accusé el-Fayçal d’avoir « utilisé des médias, connus pour leur hostilité à l’égard de la Jordanie, pour lancer de fausses accusations déformant l’image de son pays ». Les avocats de l’ancienne députée ont refusé d’assister à l’audience pour protester contre le refus de la Cour de faire témoigner le Premier ministre. Le 14 mai, el-Fayçal a clamé son innocence et a demandé que la Cour mette fin à sa « détention illégale ». Son audition a été ajournée au 16 mai, jour où le verdict du procès est attendu.