Radio Soleil a été suspendue jusqu’à nouvel ordre pour avoir diffusé une interview téléphonique avec le porte-parole du group armé M23.
MISE À JOUR: Radio Soleil FM émet de nouveau après trois mois de fermeture (JED, 5 novembre 2012)
(JED/IFEX) – Radio Soleil, une station communautaire émettant à Butembo, une ville située à 350 kms de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu (Est de la RDC), a été suspendue à titre conservatoire jusqu’à nouvel ordre, samedi 4 août 2012, par M. Sikuly’Uvasaka Makala, maire de Butembo pour avoir diffusé « un écho sonore d’un élément du Mouvement du 23 mars (M23), M. Vianney Kazarama, en violation du communiqué du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), interdisant toutes les chaînes des radios de la RDC à faire intervenir les auditeurs par téléphone dans les émissions sur la situation de l’Est ».
Selon les informations parvenues à Journaliste en danger (JED), Papy Siméon, journaliste de la Radio Soleil, a diffusé, samedi 4 août 2012, une interview téléphonique de M. Vianney Kazarama, porte-parole des mutins du M23, qui s’affrontent depuis quelques mois avec l’armée régulière à l’Est de la RDC, qui aurait demandé à la population de « se désolidariser » avec les éléments des FARDC.
« Cet entretien est de nature à semer la confusion au sein de la population et considéré comme une campagne de dénigrement du gouvernement de la RDC et des Forces Armées de la RDC devant le public et de démoralisation des troupes loyalistes ; ce qui constitue une infraction d’atteinte à la sécurité de l’Etat », peux- t-on lire dans l’arrêté portant suspension des activités de ce média. Quant à Papy Siméon, il lui est interdit d’accéder à toutes les radios de Butembo.
Interrogé par JED, Kennedy Muhindo, directeur de la Radio Soleil, a déclaré que son média a accordé la parole aux colonels Ngeleka et Vianney Kazarama, respectivement porte-parole des Forces Armées de la RDC et des mutins du M23 dans le but d’équilibrer l’information relative à l’attaque, vendredi 3 août 2012, de Kasindi et Lubiriya, deux localités de la province du Nord-Kivu.
« Nous avons diffusé les deux sons de cloche selon les normes professionnelles. Les auditeurs ont droit de connaitre la branche armée qui a attaqué les deux localités. Il n’y a aucune loi en vigueur en RDC qui interdit aux journalistes ou aux médias d’accorder la parole aux mutins », a-t-il ajouté.
Pour rappel, la Radio Liberté/Butembo a été fermée, pour trois mois, depuis mai 2012, par le maire de la ville de Butembo à la suite de la diffusion des déclarations d’un responsable d’une milice armée.