RSF appelle au retrait immédiat des plaintes en "diffamation" instruites à l'encontre de Neung Hee Cho, Il Jun Song, Bo Seul Kim, Choon Keun Lee et de Eun Hee Kim.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle au retrait immédiat des plaintes en « diffamation » instruites à l’encontre de Neung Hee Cho, Il Jun Song, Bo Seul Kim, Choon Keun Lee et de Eun Hee Kim, employés de la chaîne MBC, à Séoul. En mars 2009, l’ancien ministre de l’Agriculture et des hauts fonctionnaires ont porté plainte pour « diffamation », reprochant aux producteurs de l’émission d’investigation PD Notebook leur couverture de l’affaire dite du boeuf américain.
« Le simple fait que ce procès ait lieu est inadmissible. Nous appelons le bureau du procureur de Séoul à abandonner les charges retenues contre ces professionnels des médias qui avaient enquêté sur l’affaire du boeuf américain. Nous demandons au juge de reconnaître au plus vite l’innocence de ces journalistes victimes d’un acte de vengeance. Il est scandaleux que des peines de prison puissent être envisagées pour de simples erreurs de traduction. Si les journalistes étaient condamnés, cela constituerait un dangereux précédent pour la démocratie en Corée du Sud », a déclaré l’organisation.
La première audience du procès dirigé par le juge Moon Sung Guan, a eu lieu le 9 septembre 2009, à Séoul. Cinq audiences se succéderont jusqu’au 3 février 2010, date à partir de laquelle il faudra attendre quelques mois pour un verdict.
Le 18 juin 2009, l’équipe de production a été officiellement accusée de « diffamation à l’encontre de Jung Woon Chun et Min Dong Suk et d’obstruction des affaires de certaines compagnies important du boeuf américain, en propageant de fausses informations ». Certains des accusés ont été interpellés et placés en détention pendant 48 heures, pendant lesquelles ils ont fait valoir leur droit de garder le silence.
Le 25 mars 2009, l’un des producteurs de l’émission, Choon-Keun Lee, avait été emmené de force au bureau du procureur. Les révélations contenues dans ce programme avaient provoqué un large mouvement de protestation en Corée du Sud. Cinq autres employés de MBC ont été interpellés.
Un représentant de Reporters sans frontières s’était rendu en mars dernier au siège de MBC pour exprimer sa solidarité avec ces journalistes, dont certains n’étaient pas sortis de leur bureau depuis plusieurs mois, de peur d’être arrêtés.
Lors d’un récent contact avec Reporters sans frontières, l’un des journalistes poursuivis affirmait être en train de rassembler, avec l’aide de ses collègues et de son avocat, les preuves de son innocence. Choon-Keun Lee et ses collègues risquent jusqu’à cinq ans de prison ferme.