(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à la présidente de la République, Gloria Macapagal-Arroyo, RSF a exprimé son indignation après le meurtre de Benjaline « Beng » Hernandez, journaliste pour des publications étudiantes et militante d’une association de droits de l’homme sur l’île de Mindanao. « Cet assassinat démontre que l’île de Mindanao reste l’un des endroits dans […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à la présidente de la République, Gloria Macapagal-Arroyo, RSF a exprimé son indignation après le meurtre de Benjaline « Beng » Hernandez, journaliste pour des publications étudiantes et militante d’une association de droits de l’homme sur l’île de Mindanao. « Cet assassinat démontre que l’île de Mindanao reste l’un des endroits dans le monde le plus dangereux pour les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme. Votre gouvernement doit mettre fin aux exactions des forces de sécurité contre les civils, commises dans le cadre de la lutte antiterroriste », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation de défense de la presse a demandé à la Présidente d’ouvrir une enquête « sérieuse et exhaustive » afin d’établir les raisons de ce meurtre, d’identifier les coupables et de les sanctionner.
Selon les informations recueillies par RSF, Hernandez, journaliste pour des publications universitaires et chercheuse de l’organisation de défense des droits de l’homme Karapatan à Davao (île de Mindanao), a été assassinée le 5 avril 2002 alors qu’elle enquêtait sur l’application du processus de paix dans la vallée d’Arakan, province de Cotabato. La journaliste, âgé de vingt-deux ans, aurait été abattue en compagnie de trois jeunes originaires de la vallée d’Arakan, par des soldats de la 12e Compagnie des forces spéciales et du 7e Bataillon de parachutistes de l’armée philippine dirigés par le sergent Antonio Torella.
Selon l’autopsie conduite par le Bureau national d’enquête, la jeune journaliste et ses compagnons (Crisanto Amora, Vivian Andrade et Labaon Sinunday) ont été tués à bout portant. Hernandez a été atteinte de plusieurs balles : dans la tête, le cou, la poitrine gauche et la paume de la main gauche. L’armée a affirmé que les quatre jeunes se seraient trouvés au milieu d’un accrochage entre des soldats et des rebelles. Mais selon des proches, Hernandez aurait été blessée puis achevée par les soldats. Le secrétaire général de Karapatan à Davao, Joel Virador, contacté par RSF, a affirmé que son organisation allait envoyer une mission sur les lieux du crime. De même, la branche locale de la Commission des droits de l’homme s’est engagée à établir les conditions exactes du crime. Enfin, l’enquête doit être confiée au Procureur de la province de Cotabato.
Ancienne responsable du journal étudiant « Atenews » de l’université Ateneo de Davao, Hernandez avait rejoint récemment l’organisation Karapatan. Elle continuait à écrire pour des publications universitaires de la région et elle était vice-présidente de la section de Mindanao de l’Association des directeurs de publications universitaires des Philippines. La jeune journaliste doit être enterrée le 13 avril à Davao.
Selon Karapatan, trois de leurs employés ont été tués depuis l’arrivée au pouvoir de Macapagal-Arroyo. Au total, vingt-huit membres d’organisations de défense des droits de l’homme et d’associations civiles ont été assassinés lors de la même période.
Entre novembre 2000 et mai 2001, trois journalistes ont été assassinés sur l’île de Mindanao. Ainsi Candelario « Jun » Cayona, présentateur à la radio dxLL, avait été assassiné après avoir reçu des menaces de mort anonymes. Des inconnus lui reprochaient ses interviews régulières de dirigeants d’Abu Sayyaf (consulter les alertes d’IFEX du 8 et 1 juin et 31 mai 2001).