Narges Mohammadi, dont l'état de santé se détériore, a été arrêtée à nouveau et devra servir sa sentence de six ans de prison ferme.
(RSF/IFEX) – Le 25 avril 2012 – Reporters sans frontières condamne fermement l’arrestation de Narges Mohammadi, journaliste et porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l’homme, le 21 avril 2012, dans la ville de Zanjan (nord du pays). Le même jour, le gouvernement a publié un décret d’application pour “organiser les activités et faciliter la surveillance du travail des agences de presse et les sites d’information”. Selon ce règlement, les agences de presse ont l’obligation de publier leurs sources d’informations.
Le 21 avril 2012, Narges Mohammadi a été arrêtée suite à une convocation au ministère des Renseignements de la ville de Zanjan, avant d’être transférée à la prison d’Evin à Téhéran. Cette collaboratrice du Prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi avait déjà été arrêtée à son domicile dans la soirée du 10 juin 2010. Après une crise de nerf, elle était tombée gravement malade pendant sa détention et avait été libérée provisoirement le 2 juillet 2010. Deux mois plus tard, elle avait été condamnée à onze ans de prison ferme pour “réunion et complot contre la République islamique”, “publicité contre le régime” et “collaboration avec le Centre des défenseurs des droits de l’homme”. Le 4 mars 2011, cette condamnation avait été réduite à six ans de prison ferme par la 36e chambre du tribunal d’appel.
Contacté par Reporters sans frontières, son mari Taghi Rahmani a exprimé son inquiétude quant à la détérioration de l’état de santé de sa femme. Ce journaliste, qui a travaillé pour plusieurs rédactions depuis 1981 et a passé plus de quatorze ans dans les prisons iraniennes, a lui aussi été victime du harcèlement permanent des services de sécurité. Il a été contraint de quitter le pays en 2012.
Par ailleurs, le conseil des ministres lors de sa dernière réunion, le 21 avril 2012, a adopté un décret d’application définissant “la réglementation exécutive de la loi sur presse”. Selon ces règles dont l’objectif est “l’organisation des activités et plus de contrôle sur le travail des agences de presse et les médias électroniques”, les agences de presse ont l’obligation, comme les autres médias, de « désigner l’origine de l’information publiée » ou “interdiction de citer les informations des sites ou journaux visés par des mesures de filtrages ou des suspensions”.
En août 2009, le Parlement avait modifié la loi sur la presse, ajoutant à la lettre de l’article premier : “les agences de presse ont les mêmes droits et devoirs que la presse écrite”.
La première loi sur la presse, qui date de 1985, qui visait à mettre en application les principes flous et généraux de la Constitution sur la liberté de la presse, est restée de fait très imprécise. Elle avait été complétée par un arsenal législatif explicitement liberticide, adoptée en urgence par le 5e Parlement en avril 2000. Cette loi adoptée par les conservateurs vise à affaiblir la presse réformatrice, dont les titres sont depuis sans cesse interdits par l’autorité judiciaire.