(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre taliban des Affaires étrangères, Moulvi Wakil Ahmad Motawakil, RSF a protesté contre l’arrestation de la journaliste Yvonne Ridley de l’hebdomadaire britannique Sunday Express. « La reporter n’a fait qu’exercer son droit à informer l’opinion publique internationale sur la situation à l’intérieur de l’Afghanistan », a déclaré Robert Ménard, secrétaire […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre taliban des Affaires étrangères, Moulvi Wakil Ahmad Motawakil, RSF a protesté contre l’arrestation de la journaliste Yvonne Ridley de l’hebdomadaire britannique Sunday Express. « La reporter n’a fait qu’exercer son droit à informer l’opinion publique internationale sur la situation à l’intérieur de l’Afghanistan », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation a demandé au ministre de tout mettre en oeuvre pour obtenir la libération de la journaliste britannique et des ses guides. « Ce n’est pas en arrêtant des journalistes qui tentent de témoigner de la situation de la population afghane que vous apaiserez les critiques de la communauté internationale à l’encontre du gouvernement taliban », a précisé Ménard au ministre taliban.
Selon les informations recueillies par RSF, le 28 septembre 2001, la journaliste Ridley a été arrêtée par des membres de la milice taliban dans le district de Daur Buba (près de Jalalabad, à 15 kilomètres de la frontière pakistanaise). La journaliste, accompagnée de deux guides dont les nationalités n’ont pas été précisées, était vêtue d’une burqah, le voile imposé par les taliban aux femmes afghanes. Selon l’agence de presse Afghan Islamic Press qui a révélé l’information, les taliban auraient saisi une caméra sur la journaliste. Les autorités accusent la journaliste d’être entrée « illégalement » en Afghanistan. Elle n’avait vraisemblablement pas de passeport sur elle. Ridley est détenue à Jalalabad.
Le rédacteur en chef du tabloïd « Sunday Express », Jim Murray, interrogé par RSF, a confirmé que Ridley avait traversé la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan le 26 septembre en compagnie de deux guides dont un chauffeur qui affirmait très bien connaître la région. Depuis son entrée en Afghanistan, elle n’avait donné aucune information à sa rédaction alors qu’elle disposait d’un téléphone portable. Ridley, âgée de 43 ans, est une journaliste expérimentée qui a déjà couvert plusieurs conflits. Elle se trouvait depuis plusieurs jours au Pakistan pour couvrir, avec un collègue du « Daily Express », la situation dans le pays et spécialement à la frontière. Murray a déclaré n’avoir aucune information directe sur la situation actuelle de Ridley.
Ridley est la première journaliste étrangère arrêtée par les taliban depuis le 11 septembre. Des centaines de reporters sont arrivés au Pakistan et certains tentent d’entrer en Afghanistan. La semaine dernière, une équipe de la British Broadcasting Corporation (BBC) a réussi à travailler en Afghanistan et à filmer des images de villages de la zone frontalière en se déguisant également en femmes afghanes.
Dans le rapport « Les taliban et la presse », RSF écrivait en septembre 2000 : « Les autorités ont également imposé, au mois d’août 2000, une réglementation très stricte pour les correspondants de la presse étrangère et les envoyés spéciaux. Les reporters étrangers se voient distribuer, à leur arrivée à Kaboul, un dossier avec une liste de « vingt et un points à respecter ». La première de ces règles est de publier des informations qui « rendent compte de la réalité afghane » et ne choquent pas « le sentiment des gens ». Suit une longue litanie de recommandations qui pourrait tenir de la tracasserie bureaucratique dans d’autres pays mais montre la méfiance des autorités afghanes à l’encontre de la presse étrangère et la volonté de mieux contrôler la présence des reporters de passage sur le sol afghan. Selon ce texte issu du Département de l’information et de la culture (DIC), les journalistes étrangers ne sont pas autorisés à « entrer dans des maisons privées », « interviewer une femme afghane sans la permission du DIC », « prendre des photos ou filmer un être humain ». Les reporters sont également obligés d’informer le DIC de leurs déplacements en dehors de Kaboul et de respecter les « zones interdites » du pays ⦠Les sanctions prévues en cas de non-respect de ces règles ne sont pas précisées dans le document transmis par les autorités. » (consulter lâalerte de lâIFEX du 27 septembre 2000). L’intégralité du rapport est disponible sur le site www.rsf.org.