(RSF/IFEX) – Pour la seconde fois en l’espace de six mois, le régime du président Ben Ali a décidé de poursuivre la chaîne de télévision arabe Al Mustakillah (basée à Londres). Le président de la chaîne, Mohammed Elhachmi Hamdi, a été informé d’une plainte déposée contre lui auprès de l’Independent Television Commission (ITC, organe britannique […]
(RSF/IFEX) – Pour la seconde fois en l’espace de six mois, le régime du président Ben Ali a décidé de poursuivre la chaîne de télévision arabe Al Mustakillah (basée à Londres). Le président de la chaîne, Mohammed Elhachmi Hamdi, a été informé d’une plainte déposée contre lui auprès de l’Independent Television Commission (ITC, organe britannique indépendant chargé de l’attribution des licences et de la régulation de l’espace audiovisuel privé). Il est reproché à la chaîne d’avoir violé les dispositions de cet organisme. « Une fois de plus, l’Etat tunisien n’hésite pas à avoir recours aux grands moyens pour faire taire les voix de l’opposition. Tout le monde sait bien que c’est le régime qui est derrière cette plainte. Nous nous sentons, par ailleurs, directement impliqués dans cette affaire dans la mesure où l’émission mise en cause est parrainée par notre organisation », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
« Il nous paraît évident que les autorités tunisiennes veulent étouffer financièrement la chaîne dont elles connaissent le peu de moyens. RSF ne doute pas, par ailleurs, que l’ITC agira en toute impartialité dans cette affaire, Al Mustakillah n’ayant rien fait d’autre qu’exercer son droit d’informer librement », a-t-il ajouté.
Le 17 décembre 2001, Hamdi, directeur d’Al Mustakillah, a été informé par l’ITC qu’une plainte avait été déposée contre sa chaîne pour l’émission « Espace francophone », parrainée par RSF et diffusée le 2 décembre. La plainte fait notamment état des propos de la journaliste tunisienne Sihem Bensedrine (dans une interview à RSF) sur les causes de son arrestation, en juin dernier. Elle y reprenait des affirmations – tenues sur cette même chaîne et qui avaient conduit à son emprisonnement – où elle rapportait que le juge Jedidi Ghnia ne reconnaissait pas la présomption d’innocence. Ce dernier avait déjà porté plainte contre la chaîne devant l’ITC, en août, mais sa demande avait été rejetée. Il s’était estimé diffamé lors de l’émission « Le Grand Maghreb », diffusé le 17 juin. À l’issue de l’interview de Bensedrine diffusée le 2 décembre, le présentateur de l’émission, Jean-Michel Boissier, a pris soin d’inviter le juge à donner son avis sur l’affaire. Par ailleurs, dans une lettre adressée le 18 décembre à l’ITC, Hamdi a souligné qu’il ne manquait jamais de contacter des représentants de l’Etat tunisien pour recueillir un avis officiel. Cette action fait suite aux nombreux harcèlements et à une campagne de calomnie dans la presse tunisienne dont est victime le directeur de la chaîne.
Depuis septembre, RSF parraine sur Al Mustakillah, le premier dimanche de chaque mois, une émission sur la liberté d’expression intitulée « Espace francophone ».