(OLPEC/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de l’OLPEC daté du 10 octobre 2006 : La nouvelle pièce de Jalila Baccar et Fadhel Jaibi « Corps-otages » (Khamsoun) censurée en Tunisie La commission d’orientation du ministère de la culture vient de censurer la pièce de théâtre « Corps-otages » (Khamsoun) de Jalila Baccar et Fadhel Jaibi. Après avoir tergiversé […]
(OLPEC/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de l’OLPEC daté du 10 octobre 2006 :
La nouvelle pièce de Jalila Baccar et Fadhel Jaibi « Corps-otages » (Khamsoun) censurée en Tunisie
La commission d’orientation du ministère de la culture vient de censurer la pièce de théâtre « Corps-otages » (Khamsoun) de Jalila Baccar et Fadhel Jaibi. Après avoir tergiversé durant plus de trois mois, cette commission de censure, qui contrôle la distribution de la production théâtrale dans les salles tunisiennes, a refusé de délivrer le visa à cette pièce. Elle exige que le réalisateur accepte de se conformer à une liste de 100 sujets de censure à appliquer à la pièce s’il désire avoir le visa.
La pièce, qui traite du thème des conflits qui traversent la société tunisienne après cinquante ans d’indépendance (extrémisme religieux, terrorisme, conflits de générations, dérive politique sécuritaire. . . ) n’a pas plu aux autorités. Ils exigent d’éliminer toutes les dates, tous les noms de personnages et de lieux, d’évacuer tous les textes coraniques et d’effacer toute référence à l’histoire du pays. Les Tunisiens seront privés de ce spectacle qui a été cependant présenté en juin 2006 au théâtre de l’Odéon à Paris et connu un grand succès.
En Tunisie, seule le théâtre est soumis à une censure préalable réglementée par un texte légal. Un visa de représentation publique est requis pour toute production. Il est délivré par la commission nationale d’orientation relevant du ministère de la Culture et où siègent des représentants des ministères de l’intérieur, des affaires religieuses et de la culture.
Rappelons que la commission exerce deux niveaux de censure : l’une directe et qui consiste à refuser de délivrer le visa de représentation ; la seconde, à travers une situation de quasi monopole du réseau de distribution. La commission peut s’abstenir d’accorder l’autorisation de distribution dans les salles publiques, même si elle a accordé le visa.
Cette dernière mesure, plus vicieuse, est une forme de condamnation de l’oeuvre à ne pas être représentée, état donné que l’Etat est le principal propriétaire des espaces culturels et par conséquent le principal acheteur de ces productions.
L’OLPEC:
– condamne cette censure caractéristique des Etats totalitaires
– rappelle que la liberté d’expression est un droit fondamental garanti à tous les citoyens par la Constitution ainsi que les instruments internationaux et particulièrement l’Article 19 de la déclaration universelle et du Pacte relatif aux droits civils et politiques
– estime que la création artistique n’a pas à se conformer à des exigences politiques ou religieuses et qu’elle doit pouvoir s’épanouir librement loin de toute tutelle
– exprime son soutien à Jalila Baccar, l’auteur du scenario, et Fadhel Jaibi, le réalisateur, ainsi qu’à toute la troupe Familia.
Pour l’Observatoire
Le Président
Mohamed Talbi