Il est reproché aux journalistes d'avoir rouvert la radio, interdite d'émission depuis vendredi 18 novembre 2011, "sans l'autorisation" de l'administrateur du territoire.
(JED/IFEX) – Kinshasa, le 14 décembre 2011 – Journaliste en danger (JED) appelle le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Décentralisation à intervenir de toute urgence pour faire cesser la loi de la jungle qui tend à s’installer à Kabambare, un territoire situé à 500 kms de Kindu, chef-lieu de la province de Maniema, à l’est de la RDC. Dans ce territoire, un administrateur a ordonné la fermeture d’une radio communautaire et jeté quatre de ses journalistes dans un cachot de la police.
Selon les informations parvenues à JED, Shabani bin Shabani, Augustin Mateso, Moïse Mateso et Senghor Fundi, tous travaillant pour la Radio Communautaire Tujenge Kabambare (RCTK), ont été arrêtés et conduits au cachot de la police nationale congolaise, mercredi 14 décembre 2011 vers 7 heures locales, par des agents de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR). Il est reproché à ces journalistes d’avoir rouvert la radio, interdite d’émission depuis vendredi 18 novembre 2011, « sans l’autorisation » de M. Ernest Isaac Miyambo, administrateur du territoire de Kabambare.
Les journalistes ont été arrêtés à leurs domiciles respectifs par les agents de l’ANR deux jours après la reprise des activités de leur média.
Contacté par JED à partir de sa cellule, un des journalistes détenus a déclaré qu’ils étaient officiellement mis aux arrêts pour « violation de la décision du conseil de sécurité du territoire qui a ordonné la fermeture de la radio pour une durée indéterminée ».
M. Miyambo a, quant à lui, affirmé à JED qu’il n’a jamais autorisé la reprise des activités de la Radio Communautaire Tujenge Kabambare. « Cette radio a repris ses émissions sans qu’elle ne soit autorisée. Le dossier de cette radio est en cours d’examen. Après la reprise non autorisée des activités de ce média, nous avons interpellé un journaliste qui a refusé de répondre à notre invitation. Cette radio doit respecter certains préalables avant qu’elle ne soit autorisée à émettre. Les journalistes qui présentent des émissions dans ce média n’ont aucune formation et sont souvent fauteurs des troubles à Kabambare. Nous ne savons pas qui est qui dans cette radio par manque de structuration », a-t-il ajouté.
Pour rappel, la RCTK a été fermée, vendredi 18 novembre 2011, par M. Miyambo après avoir diffusé, la veille, une interview de M. Sympho Muzinga wa Muzinga, leader d’un ancien mouvement armé d’auto défense dans le territoire de Kabambare, dénommé « Rïya Mutomboke » qui avait promis de perturber le double scrutin, présidentiel et législatif, du 28 novembre dernier si le gouvernement provincial ne payait pas leur prime.
Journaliste en danger (JED) condamne fermement ces actes de l’administrateur du territoire de Kabambare qui sont une violation flagrante de la liberté de presse garantie en RDC.
JED dénonce la procédure qui a abouti à la fermeture de Radio Communautaire Tujenge Kambare en violation des prérogatives reconnues au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), organe de régulation des médias, et exige la reprise immédiate de ses émissions.