(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa vive inquiétude à la suite des agressions contre la presse survenues ces derniers jours en Haïti. Dans le nord du pays, une station de radio a été partiellement incendiée et neuf journalistes ont été menacés, dont sept sont obligés de se cacher. RSF a demandé au président Jean-Bertrand Aristide […]
(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa vive inquiétude à la suite des agressions contre la presse survenues ces derniers jours en Haïti. Dans le nord du pays, une station de radio a été partiellement incendiée et neuf journalistes ont été menacés, dont sept sont obligés de se cacher. RSF a demandé au président Jean-Bertrand Aristide de condamner ces agressions et actes d’intimidation attribués à ses supporters.
« Nous vous enjoignons de donner des consignes claires à vos partisans afin qu’ils cessent leurs persécutions envers les médias », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Par ailleurs, ce dernier a renouvelé son appel au Président à donner un coup d’arrêt à l’impunité en ordonnant l’ouverture d’enquêtes qui conduisent à la sanction des auteurs des agressions et menaces contre les journalistes.
Selon les informations recueillies par RSF, les locaux de Radio Etincelle aux Gonaïves (100 km au nord-ouest de Port-au-Prince) ont été incendiés dans la soirée du 24 novembre 2002. Des cocktails Molotov lancés par des inconnus seraient à l’origine de l’incendie qui a détruit une partie de la station et de son matériel.
Le directeur de Radio Etincelle, Esdras Mondélus, avait reçu des menaces de mort quelques jours plus tôt par téléphone, suite à la couverture donnée à une manifestation de l’opposition. Il avait été obligé de suspendre les programmes de la radio les 21 et 22 novembre. Les menaces provenaient de membres d’organisations populaires proches de Fanmi Lavalas (au pouvoir).
Dans la même ville, sept journalistes de la presse privée, dont Jean Robert François, correspondant de Radio Metropole, Fleurimont Henry, correspondant de Radio Kiskéya, Frantz Rénel Lebrun, correspondant de Radio Ibo, Esdras Mondélus, ainsi que trois de leurs confrères, ont été menacés de mort par ces mêmes organisations. Les sept professionnels de l’information ont été contraints de se cacher.
Quelques jours plus tôt, au Cap-Haïtien (150 km au nord de Port-au-Prince), deux journalistes de Radio Maxima, Péguy Jean et Joël Joseph avaient également été agressés par des membres d’organisations populaires se réclamant du gouvernement Lavalas. Ces derniers leur reprochaient leur couverture de la manifestation de l’opposition du dimanche 17 novembre.
Le climat en Haitï est très tendu. Le 17 novembre, deux manifestations se sont déroulées au Cap-Haitïen (deuxième ville du pays). L’une demandait le départ du président Aristide et regroupait plus de 20 000 participants selon les journalistes présents sur place, alors que l’autre soutenait le gouvernement. De nouvelles manifestations hostiles au gouvernement se sont déroulées dans d’autres villes de province. Ces marches ont été suivies de manifestations progouvernementales à Port-au-Prince. Selon l’agence Associated Press, six personnes ont été blessées par balles le 25 novembre lors de nouvelles manifestations pro-gouvernementales et de l’opposition se déroulant à Port-au-Prince et aux Gonaïves.