Reporters sans frontières exprime sa consternation suite à la suspension de la radio privée d'opposition Joy Radio et à l'arrestation de quatre employés dont deux journalistes, le 19 mai 2009
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime sa consternation suite à la suspension de la radio privée d’opposition Joy Radio et à l’arrestation de quatre employés dont deux journalistes, le 19 mai 2009.
« Déjà peu appréciée des autorités pour sa couverture politique, Joy Radio subit un véritable acharnement. Cet incident traduit le manque de respect de la pluralité des opinions et nourrit de sérieux doutes sur le traitement objectif et équilibré de l’information. Si la radio n’a pas respecté les règles, l’arrestation de quatre de ses membres et sa fermeture sont des mesures de rétorsion disproportionnées. Nous demandons aux autorités de libérer immédiatement ces quatre personnes et de permettre à Joy Radio de reprendre le cours normal de ses émissions, » a déclaré l’organisation.
Suite à la rediffusion d’une émission satirique intitulée « Chilungamo Chili Kuti ? » (« Y a-t-il une justice? »), aux alentours de 2h00 (heure locale) le 19 mai, soit après la clôture officielle de la campagne pour les élections législatives, le directeur de l’Autorité de contrôle de la communication au Malawi (MACRA), James Chimera, a jugé illégale la diffusion de tout élément faisant la promotion ou tournant en dérision un candidat.
Accusés d’avoir « violé les lois électorales », les deux journalistes présentateurs Aubrey Nazombe et Mary Chande Mhone, un technicien, Abdulazagv Telera, et un chauffeur, Yusuf Yasin, ont été arrêtés par une quinzaine de policiers ayant fait irruption dans les locaux de la radio vers 4h00 (heure locale). Ces derniers ont également saisi la cassette de l’émission.
Malgré les excuses de la radio, qui a reconnu avoir commis une erreur, les autorités ont en premier lieu interdit toute diffusion d’émissions en direct, ne laissant à la radio que la possibilité de diffuser de la musique. Dans la soirée, elles ont ensuite décidé de fermer la radio et de couper toute transmission. « La police surveille les locaux de Joy Radio et interdit à quiconque d’y entrer », a révélé Lloyd Zawanda, rédacteur en chef de la station. Les quatre employés, quant à eux, sont toujours retenus par la police et subissent un interrogatoire.
Depuis l’élection du président Bingu wa Mutharika, Joy Radio, appartenant à l’ancien président Bakili Muluzi, est considérée par les autorités malawites comme une arme de l’opposition. Elle a déjà été victime d’intimidations et de deux suspensions temporaires.