(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste contre la suspension, par le Conseil supérieur de la Communication (CSC), du groupe de radiotélévision nigérien Dounia, le 19 août 2008, sans explications et sans que les responsables de ces médias puissent se défendre. « La presse privée de Niamey est de plus en plus souvent contrainte d’obéir à des […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières proteste contre la suspension, par le Conseil supérieur de la Communication (CSC), du groupe de radiotélévision nigérien Dounia, le 19 août 2008, sans explications et sans que les responsables de ces médias puissent se défendre.
« La presse privée de Niamey est de plus en plus souvent contrainte d’obéir à des oukases manifestement lancés pour des raisons purement politiques. Cette dérive est inquiétante, dans la mesure où, désormais, les autorités nigériennes ne fournissent plus d’explication claire aux médias qu’elles sanctionnent. Dans ce contexte, elles peuvent toujours rejeter nos protestations sous prétexte qu’elles viennent de l’étranger, mais elles ne peuvent plus se cacher derrière le respect de la souveraineté du pays lorsqu’elles dérogent à leurs propres règles », a déclaré l’organisation.
Le 19 août 2008, la direction de Dounia a reçu un courrier signé par le président du CSC, Daouda Diallo, « portant suspension provisoire des émissions ». La lettre explique qu' »après délibération du Conseil », les émissions « sont suspendues pour une période d’un mois » pour « non respect des cahiers des charges », sans autre précision. Interrogé par Reporters sans frontières, Ali Idrissa, directeur adjoint de Dounia, a affirmé que le secrétaire général du CSC, contacté par téléphone, ne lui avait pas fourni d’autres explications sur la décision de l’organe de régulation. « Nous ne comprenons pas pourquoi ils ont pris cette décision aujourd’hui et nous n’avons même pas pu faire valoir nos droits ou des arguments de défense », a-t-il déclaré.
Cette suspension a été prononcée le jour où la chambre d’accusation de la cour d’appel de Niamey a rejeté la mise en liberté provisoire accordée par un juge d’instruction à Moussa Kaka, directeur de la station privée Radio Saraounia, correspondant de Radio France Internationale (RFI) et Reporters sans frontières, incarcéré depuis le 20 septembre 2007. Le même jour, des juges d’instruction ont rejeté la demande de mise en liberté provisoire de l’ancien Premier ministre Hama Amadou, incarcéré pour « détournement de fonds » depuis le 26 juin 2008.
Le 27 juin 2008, Dounia avait été « mise en demeure » pour la « diffusion d’éléments incitant à la violence et à l’affrontement » après un reportage sur les violences policières lors de l’arrestation de l’ancien Premier ministre Hama Amadou. Le 22 avril 2008, le CSC, organe de régulation des médias au Niger, avait ordonné la fermeture « pour une durée indéterminée » de la principale station d’Agadez (Nord), Sahara FM, après que la radio avait diffusé des témoignages de victimes d’exactions de soldats nigériens.