(RSF/IFEX) – RSF exprime sa très vive inquiétude après la confirmation de l’enlèvement, il y a près de trois mois, de Arlyn de la Cruz par des bandits. Bien que les circonstances exactes de l’enlèvement de cette journaliste ne soient pas encore très claires, RSF lance un appel à ses ravisseurs pour une libération immédiate. […]
(RSF/IFEX) – RSF exprime sa très vive inquiétude après la confirmation de l’enlèvement, il y a près de trois mois, de Arlyn de la Cruz par des bandits. Bien que les circonstances exactes de l’enlèvement de cette journaliste ne soient pas encore très claires, RSF lance un appel à ses ravisseurs pour une libération immédiate. RSF demande également aux autorités philippines de localiser et négocier la libération de la journaliste connue pour ses reportages sur la guérilla islamiste Abu Sayyaf.
Selon les informations recueillies par RSF, le journal « Inquirer » a publié, le 8 avril 2002, une lettre écrite de la main de de la Cruz, reporter du quotidien « Inquirer » et de la chaîne de télévision privée Net25, dans laquelle elle affirme avoir été enlevée en janvier par des rebelles armés sur l’île de Jolo (sud du pays). La journaliste a été vue pour la dernière fois, le 19 janvier, à l’hôtel Orchid Garden à Zamboanga (sud-ouest de l’île de Mindanao). Depuis cette date, plusieurs rumeurs ont circulé à son sujet. Certains ont affirmé qu’elle était dans la jungle avec les Abu Sayyaf, d’autres qu’elle avait monté un faux enlèvement afin d’attirer l’attention des médias sur elle. Au mois de février, les autorités philippines ont commencé à enquêter sur la disparition de de la Cruz. La version officielle voulait que les Abu Sayyaf aient enlevé la journaliste pour un différend financier. Enfin, Net25 et « Inquirer » ont affirmé avoir reçu, surtout en février, des appels téléphoniques d’une femme affirmant être Arlyn de la Cruz.
Dans la lettre reçue récemment par son journal, la journaliste affirme avoir été kidnappée par des dissidents de la guérilla du Front moro de libération nationale (MNLF) sur l’île de Jolo. Les bandits auraient tué son guide, un membre d’Abu Sayyaf. Après avoir constaté que la journaliste ne transportait pas la rançon demandée par Abu Sayyaf pour la libération des otages américains, les bandits l’auraient déshabillée et giflée. Après avoir menacé de l’exécuter pendant plus de deux semaines, les bandits l’auraient remise à un autre groupe armé. Celui-ci aurait tout d’abord exigé une rançon de plus de quarante millions de pesos (environ 785 000 $US ; 890 000 euros) pour descendre à onze millions de pesos (environ 216 000 $US ; 244 000 euros). Dans cette même lettre, de la Cruz, craignant pour sa vie, demande l’aide de la communauté journalistique.
De la Cruz, mère de deux enfants, est connue aux Philippines pour avoir réussi à plusieurs reprises à interviewer des dirigeants d’Abu Sayyaf. En mai 2000, elle avait filmé le couple d’otages américains toujours détenu par Abu Sayyaf. De nombreux journalistes ont très vivement critiqué de la Cruz pour sa proximité avec les Abu Sayyaf et sa recherche du scoop à tout prix. Dans sa lettre, elle affirme à ses collègues journalistes : « Vous m’avez jugée, accusée et crucifiée. Mais je ne vous le reproche pas. Je comprends notre industrie et j’ai aussi compris que votre couverture se limite à un point de vue limité de cette histoire. »