**Mise à jour d’alerte de l’IFEX du 20 mars 2000** (RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF: 22 mars 2000 COMMUNIQUÉ DE PRESSE Serbie Verrouillage total de l’espace médiatique Vingt médias menacés et dix autres fermés depuis le début de l’année La répression des médias indépendants et d’opposition en Serbie n’a jamais atteint […]
**Mise à jour d’alerte de l’IFEX du 20 mars 2000**
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF:
22 mars 2000
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Serbie
Verrouillage total de l’espace médiatique
Vingt médias menacés et dix autres fermés depuis le début de l’année
La répression des médias indépendants et d’opposition en Serbie n’a jamais atteint un tel degré. Depuis le début de l’année 2000 pas moins de vingt organes de presse ont été victimes des représailles du régime. La fermeture des radiotélévisions municipales de Kraljevo (Centre) et Pirot (Sud-Est) porte à dix le nombre des médias fermés ou suspendus. Alors que depuis février dernier, des officiels serbes multiplient les menaces et les déclarations agressives à l’encontre de la presse, le « nettoyage médiatique » s’accélère dans tout le pays.
Le 18 mars, sous prétexte que la chaîne fonctionnait sans licence, les inspecteurs du ministère fédéral des Télécommunications ont saisi l’émetteur de la radiotélévision municipale de Kraljevo (100 km au sud de Belgrade), ville dirigée par l’opposition, privant ainsi près de 800 000 personnes de ses programmes. Des manifestations, rassemblant jusqu’à 10 000 personnes, sont depuis organisées chaque jour pour protester contre cette mesure. Deux jours auparavant, la télévision municipale de Pirot (une ville de 70 000 habitants située au sud-est du pays) avait connu le même sort. Le 12 mars, sous le même prétexte, c’est la radiotélévision municipale de Pozega, ville également contrôlée par l’opposition, qui avait été fermée malgré les protestations de ses habitants.
Les attaques contre les médias électroniques dans les villes contrôlées par l’opposition se sont amplifiées depuis le début de l’année. Le 8 mars, le ministère des Télécommunications avait déjà procédé à la fermeture de Boum 93, une radio privée de Pozarevac (60 km à l’est de Belgrade). Le lendemain, deux autres médias privés, la radio Tir et la chaîne de télévision Nemanja, de Cuprija (100 km au sud de Belgrade), ont également été suspendus. A Nis, deuxième ville du pays, la chaîne de télévision TV5 risque la fermeture: l’armée yougoslave, propriétaire des locaux, a sommé la direction de quitter les lieux, au plus tard le 25 avril 2000. Selon des responsables de la chaîne, TV5 aurait souscrit un contrat de location de dix ans.
Pressions économiques et actes de vandalisme continuent d’être utilisés pour faire taire les velléités d’indépendance des médias. Le 29 janvier, les locaux du bureau régional du quotidien « Blic », à Kragujevac, ont été mis à sac par des inconnus. Mi-février, c’est une partie de l’équipement du journal « Novine Vranjske » qui a été emportée par des cambrioleurs. Le 6 mars, la chaîne de télévision Studio B, contrôlée par le Mouvement serbe du renouveau (SPO, opposition), à Belgrade, a, elle aussi, été victime d’actes de vandalisme perpétrés par des individus en uniformes de police.
Le 28 janvier, l’imprimerie ABC, qui édite le quotidien privé « Glas Javnosti » tirant à 200.000 exemplaires, avait fait l’objet d’une procédure de faillite. Ce quotidien, comme son homologue « Blic », sont, par ailleurs, contraints par les autorités de baisser leur prix de vente. Le 3 mars, un proche du régime, Dusan Cukic, avait été nommé au poste de directeur et rédacteur en chef du quotidien à grand tirage « Vecernje Novosti ». Le gouvernement a ainsi décidé de reprendre le contrôle du puissant groupe de presse Novosti, contestant la légalité de sa privatisation.
En vertu des dispositions de la loi sur l’information, les journaux « Nedeljne Novine » et « Nezavisna svetlost » ont été condamnés à une amende de 100.000 dinars (9000 euros). En février, l’hebdomadaire « Nin » et le quotidien « Vecernje Novosti » ont dû payer chacun 150.000 dinars (13 500 euros). Le quotidien « Danas » doit s’acquitter d’une somme de 300.000 dinars (27 000 euros), ce qui porte le total des amendes qui lui ont été infligées depuis octobre 1998, date de l’adoption de la loi sur l’information, à 1 850 000 dinars (166 500 euros). Le 10 mars, l’hebdomadaire « Srpska rec », publié par le SPO, a dû payer 450 000 dinars d’amende (40 500 euros). Le 6 mars, la chaîne de télévision Studio B a été condamnée à verser 450 000 dinars (40 500 euros). Elle avait déjà payé 300 000 dinars (27 000 euros) en février. Une semaine plus tard, la chaîne de télévision s’est acquittée de ses dettes, s’élevant à 11 millions de dinars (1 million d’euros) selon le ministère des Télécommunications, pour éviter la fermeture. Le même jour, le ministre des Télécommunications a ordonné à plus de 200 stations de radio et chaînes de télévision de payer, avant le 31 mars, une redevance pour l’utilisation de fréquences d’émission, sous peine de fermeture.
Reporters sans frontières (RSF) demande aux représentants de la communauté internationale, et notamment au rapporteur spécial des Nations unies (ONU) pour les droits de l’homme en ex-Yougoslavie, M. Jiri Diensbier, de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faire cesser la répression contre les médias indépendants et d’opposition en Serbie.